Clôture du cinquantenaire Chostakovitch à Paris avec les Quatuors Galilée et Danel
L'année du cinquantenaire de la disparition de Dimitri Chostakovitch, survenue le 9 août 1975, arrive à son terme avec, hier, le concert à Paris de l'Association Internationale Dimitri Chostakovitch. Le programme était concentré sur la forme du quatuor, essentiel dans l'œuvre du compositeur, et les thèmes très chostakoviens de l'amitié fidèle et de la protection généreuse offerte à l'autre, toujours par le prisme de l'expression musicale.
L'année de célébration aura été marquée par au moins trois temps forts, le Festival Chostakovitch à Leipzig par Andris Nelsons et sa double intégrale des symphonies (orchestres de Boston et Gewandhaus) et des quatuors (les Danel), l'ouverture de la saison de la Scala de Milan avec Lady Macbeth de Mzensk et le triptyque Chostakovitch-Weinberg à Paris par Mirga Gražinytė-Tyla et le Philharmonique de Radio France. Le concert de clôture permettait d'arpenter le massif des quatuors à cordes par deux formations : celle du Quatuor Danel, incontournable dans ce répertoire depuis trente ans, pour les Quatuors n°10, 12 et 2, et celle en première partie du jeune Quatuor Galilée avec l'iconique Quatuor n°8.
Les Danel ont été particulièrement intenses dans leur jeu lors de ce concert. Même pour ceux qui connaissent de longue date leur engagement, leur précision, leur justesse de style apprise auprès de Valentin Berlinsky, leur jeu continue à s'intensifier, à gagner en densité, c'était manifeste autant dans la concentration moderniste du Douzième (comme une réponse à la super-soviétique Symphonie n°12!) que dans le lyrisme intrinsèquement russe du superbe Quatuor n° 2. C'est cette capacité à approfondir son interprétation sur des décennies qui fascine dans l'art du quatuor.
En première partie, le Quatuor Galilée était l'occasion de mettre en avant une jeune formation à la croisée des cultures orientales et occidentales. Réunissant trois frères et une sœur, Omar, Mostafa, Tibah et Gandhi Saad. Après des années de séparation, ils se sont reconstitués en 2022 et sont aujourd'hui au Master de Quatuor à cordes au conservatoire national de Paris. A cette particularité d'être un quatuor palestinien, les musiciens ajoutent celle de pratiquer les deux musiques, arabes et occidentales. Ils ont interprété hier soir deux chants traditionnels druzes, l'un d'amour, l'autre une berceuse et une composition du premier violon Mostafa Saad mêlant les deux styles. Leur interprétation de ces pièces comme du si douloureux et intime Quatuor n°8, est pleine de sensibilité, avec une douceur et une fragilité apparente se nourrissant d'un vécu que l'on pressent intense. Ils apportent dans Chostakovitch des inflexions personnelles et de notre époque, qui dessinent de vraies perspectives à explorer et approfondir. Une clôture de cinquantenaire qui ouvre vers l'avenir. (JCLT)
















