Le Quatuor Hermès bien accompagné à Deauville
Pour clôturer le 24e Août Musical de Deauville, trois concerts associent chaque soir un quatuor puis un quintette, à chaque fois avec un pianiste différent. Pour les deux derniers, le Quatuor Hermès joue Mozart et Schubert seul, puis s'accompagne de Gaspard Thomas dans Fauré et de l'excellent Arthur Hinnewinkel dans Dvořák.
Après le 29ème festival à Pâques et pour le 24ème mois d'août, Deauville affiche une attirante programmation de musique de chambre à découvrir dans la Salle Élie de Brignac-Arqana, là même où quelques jours plus tard seront vendus les plus beaux étalons et juments du monde.
Loin de chercher à enchérir de la même manière sur les jeunes artistes présents sur la scène, nous avons pu couvrir cet été le début et la fin du festival, sans avoir été malheureusement présent pour l'antépénultième concert, où le Quatuor Hanson jouait « La Jeune Fille et la Mort » de Schubert avant le Quintette pour piano et cordes de Bartók. À défaut de 14ème quatuor, c'est donc des numéros 15 que entendrons, le vendredi celui de Mozart et le samedi celui de Schubert, dans les deux cas par le Quatuor Hermès.
Habituée de Deauville, la formation y a notamment enregistré le Quatuor n°2 de Janáček pour b·records il y a déjà 11 ans et s'est attelée aux Quatuors n°13 et 14 de Schubert pour le label Dolce Volta en 2021, sans graver encore le dernier, donné le dernier soir de l'édition 2025 en Normandie. Comme dans Mozart, et donc sans doute avec moins de souffle que dans leur très bon enregistrement des quatuors de Brahms, les Hermès livrent des interprétations fines où ressort souvent la qualité des instrumentistes. Mais il manque pour Mozart de la dynamique dans les attaques, surtout au final, et pour Schubert un peu de concentration dans le son, pour réussir dans les deux cas à toujours maintenir l'attention. Finalement, les mouvements lents profitent plus de ces approches, même si le 15ème de Schubert voient aussi apparaître un surplus de dynamique dans le final, qui permet de donner plus de corps en fin d'ouvrage.
En secondes parties, l'intérêt est rehaussé par les pianos, puisqu'il s'agit dans les deux cas de quintettes. Mais si le vendredi, celui de Fauré débute avec clarté par les accords légers au clavier de Gaspard Thomas, très bien suivi par l'entrée successive de chacun des instruments, la partition n'est pas du plus grand intérêt, et là encore se démarque surtout le soyeux et la finesse de l'interprétation dans le mouvement lent. Le samedi, Arthur Hinnewinkel change la donne en exaltant presque chaque note du Quintette pour piano et cordes n° 2 op. 81 d'Antonín Dvořák. Très souriant, l'artiste offre un piano parfois presque rieur et sinon toujours très joueur, idéal pour donner du mouvement à toutes les danses tchèques recherchées par la partition, et par la même occasion pour plus stimuler ses partenaires aux cordes. À l'inverse, c'est par le mouvement lent qu'on est un peu moins conquis, de même que par le bis, là encore lent puisqu'il s'agit de l'Andante du Quintette de Brahms. La veille, Gaspard Thomas et le Quatuor Hermès avaient permis de découvrir en fin de concert une intéressante transcription pour piano et cordes du Larghetto tiré du Quintette pour piano et vents K. 452 de Mozart.
On attend maintenant avec impatience les surprises des éditions anniversaires de l'an prochain, puisqu'il s'agira des 30 ans du Festival de Pâques et des 25 ans de l'Août Musical de Deauville.









