Plus petite ville de France à disposer d'un opéra avec des forces artistiques permanentes, l'Opéra Grand Avignon fêtera son bicentenaire en 2025-2026, et prévoit une série d'évènements festifs et rassembleurs.

Pour porter cette dynamique, l'Opéra Grand Avignon a présenté une saison 2025-2026 autour de la thématique des mythes, dans un dialogue fécond entre les formes classiques et les voix du présent. Des œuvres phares du répertoire côtoieront des créations contemporaines et des formes hybrides mêlant opéra, danse, théâtre et musique. Emmenée par son directeur Frédéric Roels et les équipes de l'Opéra, cette programmation proposera des œuvres scéniques, mais aussi des projets participatifs inclusifs et des résidences de création, avec un accent particulier porté sur la dimension collective de l'acte artistique.

Dix productions lyriques seront proposées au cœur de cette saison. Frédéric Roels reprendra sa mise en scène de Don Giovanni, en octobre et confie en novembre à Pauline Bayle, actuelle directrice du Théâtre Public de Montreuil, une nouvelle production de L'Orfeo de Monteverdi, avec Le Concert des Nations sous la direction musicale de Jordi Savall. Pour les fêtes de fin d'année, Company de Steven Sondheim, la coproduction portée par Génération Opéra, fera escale à Avignon. L'opéra participatif de la saison sera Falstaff, les joyeux joujoux de Windsor pour une version tout public et scolaires façon Toy Story, mise en scène par Andrea Piazza et dirigé par Frédéric Rouillon.

La Chambre d'écho, projet scénique mis en espace par Eddy Garaudel, puisera dans le répertoire du XVIIème siècle italien avec deux chanteuses, sous la direction musicale de Julien Chauvin. Le Décaméron, un nouvel opéra composé par Matteo Franceschini, proposera en mars une création inspirée par les contes de Boccace. Sous la direction musicale de Bianca Chillemi, cette œuvre collective fera appel à dix artistes pluridisciplinaires (chanteurs, acteurs, danseurs, instrumentistes), réunis pour un travail de résidence mené en amont dès l'automne.

Une nouvelle forme d'opéra et de danse

Autre moment fort, Le Chant de la Terre, un projet poétique mis en scène par Chloé Lechat. Cette symphonie pour voix et orchestre de Gustav Mahler, dans l'orchestration Schönberg réduite à quatorze musiciens de l'Ensemble Miroirs Étendus, sous la baguette de Fiona Monbet, sera présentée en version scénique, avec les danseurs du Ballet de l'Opéra Grand Avignon. Aïda de Verdi sera adapté en avril par Frédéric Roels en opéra de chambre, pour quatre chanteurs et deux musiciens, afin de faire découvrir aux plus jeunes cette œuvre profondément humaine et intimiste, débarrassée du côté péplum. Turandot, une coproduction avec le Macerata Opera Festival en Italie et La Belle Hélène, coproduit avec l'Opéra Éclaté, clôtureront la saison lyrique.

Côté danse, Martin Harriague, directeur artistique du Ballet de l'Opéra Grand Avignon, a présenté les trois programmes grand format de sa troupe permanente. Pour cette nouvelle saison, il a souhaité lui aussi coller au thème des mythes. Prométhée, d'après Les créatures de Prométhée, le ballet de Ludwig van Beethoven, sera créé en coproduction avec l'Orchestre national Avignon Provence. Le chorégraphe reprendra ensuite America, sa pièce créé en 2024 pour les quatorze danseurs de la compagnie. Enfin, en mai 2026, il proposera Awen, une création mondiale avec le Chœur de l'Opéra Grand Avignon, sur la musique The Sacred Veil d'Eric Whitacre.

Interrogée sur la place du nombre de représentations, la direction assume le choix de concentrer ses moyens sur des projets de grande qualité, même s'ils ne sont parfois donnés que deux fois. Seule une production de la saison n'est jouée qu'une fois. Avec un budget global estimé à 11 millions d'euros (incluant les frais de bâtiment et de personnel), l'Opéra Grand Avignon fait le pari d'un équilibre entre exigence artistique et responsabilité économique. (DG)