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Rafał Blechacz en récital au TCE

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 13-VI-2025. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate n° 14 en do dièse mineur op. 27 n°2. Franz Schubert (1797-1828) : Quatre Impromptus op. 90. Frédéric Chopin (1810-1849) : Barcarolle op. 60, Ballade op. 47 n° 3, Mazurkas op. 17, Scherzo n° 3 op. 39. Rafał Blechacz, piano

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En récital au Théâtre des Champs-Élysées, étale son jeu très classieux dans un programme où Beethoven côtoie Schubert et Chopin.


Par rapport au répertoire habituel du pianiste polonais Médaille d'or du Concours Chopin en 2005, une forme de curiosité nous faisait appréhender la première pièce de son récital de fin d'année à Paris, la Sonate n°14 en do dièse mineur op. 27 n° 2 de Beethoven. Pourtant, la douce profondeur des premières mesures de la « Clair de Lune » rassure, même si l'effet s'amenuise dans le manque de sensibilité de la suite du premier mouvement. L'Allegretto ne modifie pas l'approche, mais montre quelques défauts de discours, notamment dans la main gauche, qu'on retrouvera égarées à d'autres moments de la soirée. Malgré cela, la délicatesse du toucher et sa dextérité permettent un Presto agitato agile et survolé, par lequel tente même certains forte osés. Et surtout, la facilité  à porter parfaitement la dynamique sur les deux mains dans ce finale permet de découvrir certains passages de manière inédite, sans jamais dénaturer l'unité du mouvement.

À peine un aller-retour en coulisse, que déjà le pianiste de 39 ans revient sur scène pour les quatre Impromptus op. 90 de Schubert. Comme nous pouvions nous y attendre, ce répertoire lui convient mieux, d'autant qu'il l'aborde comme du Chopin, au point de pouvoir faire croire dès le no 2 en mi bémol majeur qu'il s'agirait d'une partition du compositeur polonais. Particulièrement à partir de l'Allegro (n° 2), la virtuosité fait éclat, alliée à un style de jeu extrêmement raffiné. Ici, la vitesse des notes jouées à la main droite n'empêchent pas de mettre aussi en lumière tout ce que raconte la main gauche, avec comme chez Beethoven des enchevêtrements assez inédits dans leur façon d'apparaître. L'Andante (n° 3) semble un peu plus se chercher, sans doute trop peu dans la sensibilité, mais l'Allegretto (n° 4) brille de mille feux.

En seconde partie, la Barcarolle op. 60 montre à la fois comme Chopin parle au pianiste et en même temps, paradoxalement, comme il ne se joue pas de la même façon que les autres. Cela crée donc d'abord de nombreux écarts à la main gauche dans la première partie de la pièce. La Ballade n° 3 op. 47 affirme mieux le jeu, dont ressort une belle lisibilité des thèmes principaux, notamment du troisième (C). Finalement, c'est avec les difficiles 4 Mazurkas op. 17 que l'on profite le mieux de la délicatesse de Blechacz. Parfaitement dans son élément, il y garde aussi sa classieuse distance, notamment à la puissante n° 4, dont on admire ici cette coda si naturellement emportée vers l'infini, au point qu'elle ne déclenche pas tout de suite les applaudissements.

Après ce très beau moment, le Scherzo n° 3 aurait sans doute pu faire office de bis plutôt qu'être intégré au programme, d'autant qu'il remet en défaut la main gauche, même si cela passe inaperçu pour beaucoup d'auditeurs conquis dans un Théâtre des Champs-Élysées pour l'occasion très bien rempli.

Deux bis de Beethoven et Chopin clôturent ce récital, où l'élégance de l'un des derniers artistes à jouer en costume queue-de-pie laisse néanmoins parfois un sentiment de trop grande retenue par rapport aux partitions majeures.

Crédits photographiques : © ResMusica

Modifié le 19/06/2025 à 9h14

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 13-VI-2025. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate n° 14 en do dièse mineur op. 27 n°2. Franz Schubert (1797-1828) : Quatre Impromptus op. 90. Frédéric Chopin (1810-1849) : Barcarolle op. 60, Ballade op. 47 n° 3, Mazurkas op. 17, Scherzo n° 3 op. 39. Rafał Blechacz, piano

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