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Les concertos de Florence Price, une autre voix de l’Amérique

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Florence Beatrice Price (1887-1953). Concerto pour violon n°1 en ré majeur (1939). Concerto pour violon n°2 en ré majeur (1952). Concerto pour piano en un mouvement en ré mineur (1933-1934). Dances in the Canebrakes (orch. par William Grant Still). Fanny Clamagirand, violon. Han Chen, piano. Malmö Opera Orchestra. John Peter, direction. 1 CD Naxos. Eenregistré en mars 2024 au Malmö Opera House. Durée : 74:03

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Florence Beatrice Price (1887-1963) est la première compositrice noire américaine ayant réussi à faire jouer une de ses symphonies par un grand orchestre de son pays dans les années 1930. Un album Naxos nous propose de découvrir ses deux concertos pour violon avec  ainsi que son concerto pour piano.

Depuis que Yannick Nézet-Seguin et son Orchestre de Philadelphie ont enregistré ses symphonies et ses concertos, on commence à s'intéresser à la musique de , première compositrice afro-américaine à avoir réussi à faire jouer une de ses symphonies par un grand orchestre de son pays. En l'occurrence celui de Chicago en 1933.

Le fruit d'un long combat pour cette femme native du sud ségrégationniste, qui s'est vue refuser l'adhésion à l'Arkansas Music Teachers Association en raison de ses origines, avant de trouver refuge à Chicago et d'y voir reconnaître ses talents de pédagogue et de compositrice.

fait ainsi partie de cette cohorte de compositeurs noirs, , William Levi Dawson, Margaret Bonds, Coleridge-Taylor Perkinson, dont les voix ont souvent été tues, mais qui ont su mêler la culture classique « blanche » avec leurs racines « afro-américaines ».

Le chef d'orchestre , à la tête du est lui aussi un grand défenseur de l'œuvre de dont il a enregistré plusieurs pages symphoniques chez Naxos. Aujourd'hui, en compagnie de la brillante violoniste française et du pianiste , il s'intéresse à l'œuvre concertante de la compositrice.
Les deux Concertos pour violon de Florence Price sont ainsi des pages très contrastées, d'un romantisme et d'un classicisme assumés, très influencées par la tradition européenne tout en révélant une forte personnalité.

Le Concerto pour violon n°1 en ré majeur de 1939 est une grand page romantique, de vaste proportion (plus de trente minutes) et clairement influencé par le concerto de Tchaikovsky, cité à plusieurs occasions. Seul l'Andante central, par son caractère un peu plus « bluesy », révèle le caractère « américain » de Florence Price. Le beau violon, clair et précis, de chante avec conviction tout au long de cette œuvre expressive mais sans aspérités.

Plus intéressant, car plus compact, le Concerto pour violon n°2, également dans un rayonnant ré majeur, est l'une des dernières pièces de Florence Price, composée en 1952, un an avant sa mort. L'œuvre est assez libre de ton, écrite d'un seul souffle dans un esprit beaucoup plus rhapsodique que le premier Concerto. L'orchestration y est également beaucoup plus riche, avec des traits plus « hollywoodiens », menant les troupes de Malmö avec beaucoup de conviction. Fanny Clamagirand y est tout aussi convaincante.

Le Concerto pour piano en un mouvement (1933), cette fois en ré mineur, est l'une des plus belles pages de Florence Price. Des l'introduction, à la trompette et aux cors, on sent les grands espaces se déployer. Mais des espaces qui ont plus à voir avec les steppes de Serge Rachmaninov qu'avec le grand Canyon d'. Le piano de déploie en effet de grandes et belles mélodies toujours d'un romantisme assumé. À noter un très beau passage central lent et apaisant où le piano dialogue avec le hautbois, dans un chant qui fait penser à un gospel. Le final jubilatoire est presque un ragtime au swing jubilatoire.

Les racines et influences afro-américaines se retrouvent définitivement dans la dernière œuvre du disque, Dances in the Canebrakes. Ces « Danses dans les champs de canne à sucre », à l'origine trois pièces pour piano orchestrées par , évoquent la vie quotidienne des noirs dans les plantations au XIXe siècle. On y retrouve les rythmes syncopés, les influences caribéennes qui font le sel, ou plutôt le sucre, de cette musique chatoyante. Rare reflet des racines afro-américaines d'une compositrice qui a longtemps cherché la reconnaissance du public blanc en copiant la tradition européenne.

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Florence Beatrice Price (1887-1953). Concerto pour violon n°1 en ré majeur (1939). Concerto pour violon n°2 en ré majeur (1952). Concerto pour piano en un mouvement en ré mineur (1933-1934). Dances in the Canebrakes (orch. par William Grant Still). Fanny Clamagirand, violon. Han Chen, piano. Malmö Opera Orchestra. John Peter, direction. 1 CD Naxos. Eenregistré en mars 2024 au Malmö Opera House. Durée : 74:03

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