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À Lille, invitation au voyage entre Ravel et Rimski-Korsakov

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Lille. Théâtre Sébastopol. 14-X-2025. Germaine Tailleferre (1892-1983) : Petite Suite pour orchestre. Maurice Ravel : Pavane pour une infante défunte ; Concerto pour piano et orchestre en sol majeur ; Boléro Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908) : Antar, arrangement de Maurice Ravel, texte d’Amin Maalouf. Nikolaï Luganski, piano. Charles Berling, récitant. Orchestre national de Lille, direction : Joshua Weilerstein

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La très rare symphonie Antar de Rimski-Korsakov dans l'arrangement de , et le Concerto en sol, étaient au programme d'un fastueux concert de l' avec .

L' continue de fêter les 150 ans de en mêlant « tubes » et pièces beaucoup plus rares. À l'image du concert donné au Théâtre Sébastopol, en attendant le Théâtre des Champs-Élysées. Si le Boléro et le Concerto en sol sont des « incontournables » de Ravel, ce n'est pas le cas de l'arrangement d‘Antar, seconde symphonie de , superbe pièce orientaliste revue et corrigée en 1910 par le compositeur français, qui constitue le plat de résistance de ce passionnant concert.

En « apéritif », le directeur musical de l', , propose une autre rareté, la Petite suite pour orchestre de . Une « invitation au voyage » composée par l'égérie du Groupe des Six, savoureuse petite pièce mêlant orientalisme et folklore charentais. Lui succède une évanescente Pavane pour une infante défunte de , dirigée en apesanteur par un très concentré.

est plus réputé pour ses interprétations incandescentes de Rachmaninov et du grand répertoire romantique que pour Debussy et Ravel. Son interprétation du Concerto en sol n'en reste pas moins impériale, parfaitement soutenue par un Orchestre national de Lille attentif aux moindres inflexions de son chef. Le piano de Luganski est en effet impressionnant de puissance dans un premier mouvement Allegramente aux accents « bluesy », sait se faire sage dans le déchirant Adagio assai central, avant de reprendre sa course haletante dans le Presto final. Du grand art. montre que le répertoire français lui est tout aussi familier que celui de Rachmaninov, offrant en bis un virtuose Jardins sous la pluie de Claude Debussy.

En seconde partie de concert, et l'ONL proposent donc ce rarissime Antar de Rimski-Korsakov. Maurice Ravel était fasciné par cette deuxième symphonie du compositeur russe, caractéristique d'un Orient tout autant fantasmé que dans la célèbre Shéhérazade.

En 1910, le Théâtre de l'Odéon souhaite monter une adaptation théâtrale de cette légende et commande à Maurice Ravel un arrangement de la partition originale, qui réalise une suite à partir des éléments de la symphonie, réorchestrant certains passages et même écrivant quelques liaisons inédites. Il en résulte une œuvre épique, gorgée des sublimes mélodies imprégnées d'orientalisme et de folklore russe. Le texte moderne écrit en 2014 par Amin Maalouf, lu avec conviction par , est presque superflu tant la musique se suffit à elle-même.

Les superbes cordes de l'Orchestre national de Lille y brillent de mille feux, tout comme le pupitre des bois particulièrement sollicités. Par sa direction précise et colorée Joshua Weilerstein démontre une fois de plus ses affinités avec la musique russe (un superbe Oiseau de feu lors d'un précédent concert, bientôt des symphonies de Dimitri Chostakovitch).

En final, l'ONL se lance dans l'incontournable Boléro. Malgré son apparente simplicité cette pièce est une implacable mécanique qui demande la plus grande rigueur dans l'exécution. Joshua Weilerstein mène ce vaste crescendo avec une précision horlogère et un panache indéniable. Brillante conclusion d'un concert placé sous le signe des couleurs.

Crédits photographiques : © Ugo Ponte ONL

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Lille. Théâtre Sébastopol. 14-X-2025. Germaine Tailleferre (1892-1983) : Petite Suite pour orchestre. Maurice Ravel : Pavane pour une infante défunte ; Concerto pour piano et orchestre en sol majeur ; Boléro Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908) : Antar, arrangement de Maurice Ravel, texte d’Amin Maalouf. Nikolaï Luganski, piano. Charles Berling, récitant. Orchestre national de Lille, direction : Joshua Weilerstein

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