Le Mozart de très bonne facture d’Anna Besson et Reinoud Van Mechelen
C'est avec Anna Besson et les concertos pour flûte de Mozart que Reinoud Van Mechelen et son ensemble A Nocte Temporis font paraître leur premier disque entièrement instrumental.
Comme le deuxième volet d'un diptyque discographique, ainsi qu'en attestent les dates d'enregistrement identiques et les photos de couverture symétriques des deux albums, voici le Mozart concertant mis en regard de celui des airs de concert. Une façon de souligner encore une fois que tout est chant dans la musique de Mozart, même quand il n'écrit que pour des instrumentistes. Avec neuf violons, les autres cordes par deux et les vents doublés comme il se doit, Reinoud van Mechelen est à la tête d'un véritable orchestre mozartien qui s'en donne à cœur joie pour faire jaillir toute la joie de vivre et la délectation mélodique contenues dans cette musique. On profite avec cet enregistrement d'un Mozart alerte, souple et cohérent, avec la fraîcheur des instruments d'époque et l'insouciance d'un métronome relativement libre. On peut préférer un peu plus de profondeur et de relief notamment dans les mouvements lents, comme dans la récente version de Gli Angeli Genève et Alexis Kossenko (Claves, 2022) avec un effectif un peu plus fourni et une acoustique un peu plus généreuse. Mais jamais les musiciens d'A Nocte Temporis ne sont pris en défaut sur la musicalité et les intentions expressives.
Pas de voix dans cet enregistrement, mais la manière dont la flûte en bois d'Anna Besson chante est remarquable. Le son est vivant et les articulations sont finement pensées et exécutées. En particulier, dans le concerto en ré majeur, le moins connu des deux, transcription d'un concerto pour hautbois, la virtuosité est époustouflante mais toujours mise au service du dialogue avec les instruments de l'orchestre. Il faut apprécier aussi le long crescendo, vivant et vibrant, qui marque l'entrée de la soliste dans le premier mouvement. Dans le premier concerto, en sol majeur, où l'inspiration mélodique de Mozart est encore meilleure, le résultat est tout aussi convaincant. Appréciable également est le fait d'avoir choisi d'élaborer des cadences originales et plutôt courtes, inspirées de deux grands mozartiens, Robert D. Levin et Paul Badura-Skoda.
Au milieu du programme, le Concerto pour flûte et harpe, avec Clara Izambert à la harpe est de la même facture. La version d'A Nocte temporis et des deux solistes ne dépare pas face aux très nombreuses versions existantes, et le plaisir est intact de réentendre cette œuvre tant et tant jouée.
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