La São Paulo Dance Company de retour en France avec L’Odyssée brésilienne
Après Aquarela du Brasil, programme présenté en mai 2024 au Parvis, scène nationale de Tarbes, la São Paulo Dance Company est de retour avec L'Odyssée brésilienne, un triptyque composé de pièces signées Nacho Duato, Marco Goecke et Joëlle Bouvier.
Entre spiritualité et introspection, L'Odyssée brésilienne nous propose un voyage géographique et intellectuel à travers le monde, par le biais de trois pièces aux thématiques très distinctes.
Gnawa tient son titre d'une ancienne confrérie mystique du nord de l'Afrique. Le chorégraphe espagnol Nacho Duato a choisi cette communauté et sa musique pour aborder la relation de l'Homme à l'univers, au moyen des quatre éléments : l'eau, la terre, le feu et l'air. Le public assiste alors à une véritable « danse rituelle » à la gestuelle sinueuse et ancrée dans le sol, alliant poses de bras anguleuses, qualité de mouvement appuyée et déplacements codifiés. À cela s'ajoutent des robes noires ou une combinaison transparente pour les femmes et un unique pantalon blanc brodé de fil doré pour les hommes, le tout formant un ensemble fort, à l'identité visuelle marquante. Il convient également de souligner un travail tout particulier effectué sur la rythmicité, avec des variations de tempos qui donnent du relief à la pièce. Le rapport aux éléments n'est toutefois pas très clair, le feu étant le seul à être clairement reconnaissable, puisque physiquement présent sous la forme de photophores.
Après L'Oiseau de feu dans Aquarela du Brasil, c'est au tour du Chant du Rossignol de Marco Goecke d'être présenté par la São Paulo Dance Company, toujours sur la musique éponyme d'Igor Stravinsky. Ici encore, l'ancien directeur du ballet de l'Opéra national de Hanovre, désormais à la tête du ballet du Theater Basel, s'inspire des mouvements rapides, saccadés et segmentés des oiseaux dans cette pièce pour neuf danseurs (sept hommes et deux femmes). Battements d'ailes, tremblements et imprévisibilité teintent l'ensemble de la chorégraphie. L'ambiance est froide (éclairage très blanc accentué par de la fumée, eau imitant la pluie, costumes noirs et blancs aux coupes austères), mais la précision de l'écriture et de l'exécution est d'une qualité incontestable.
Le programme s'achève sur une pièce de la Française Joëlle Bouvier, sur le thème du changement, de l'émigration et du départ vers l'inconnu. Mélangeant musique brésilienne et Johann Sebastian Bach, Odisseia est ponctuée d'images saisissantes et d'idées de mise en scène très ingénieuses. Avec des éléments simples, tels qu'une immense bâche en plastique, des drapeaux géants ou encore le pan d'un manteau long, elle parvient à faire exister de façon convaincante la mer, les vagues, mais aussi le naufrage et l'engloutissement. D'épuisement, les corps se tombent dans les bras les uns des autres, puis, un personnage se retrouve dans un rapport d'opposition au reste du groupe, isolé, perdu ou à contresens. Le montage musical qui accompagne les danseurs est complexe et imbriqué, avec une alternance de voix brutes, de musique, de chants et de poèmes en français ou en portugais brésilien. Progressivement, la mélancolie du début laisse place à une légèreté du partage et de la rencontre, pour finir sur une note d'espoir.
Bien que son titre puisse paraître en partie hors sujet, le seul lien clair avec le Brésil étant la thématique du déracinement, L'Odyssée brésilienne n'en est pas moins un programme riche et puissant, qui amène le public à se questionner sur son rapport au monde et à l'autre avec poésie.
Crédit photographique : © Camilo Barbosa et Iari Davies















