Jean-Christophe Maillot, directeur des Ballets de Monte-Carlo, signe une foisonnante biographie qui est aussi un livre où il partage son amour de la danse. L'occasion pour lui de commenter et d'illustrer son répertoire et son parcours de chorégraphe.

Depuis ses premiers pas de danse au conservatoire de Tours, Jean-Christophe Maillot a su qu'il serait un jour un artiste chorégraphique. Toujours dans les pinceaux de son père, chef décorateur au Grand Théâtre de Tours, le petit garçon découvre l'énergie de la scène, la magie des lumières, le plaisir de danser et de créer. A l'époque, son maître était Alain Davesne, qu'il ne suit pas quand celui-ci part enseigner au Conservatoire national supérieur de Paris. Il choisit l'école de danse de Rosella Hightower à Cannes, où il passera trois années qu'il qualifie de « fondatrices ». Il y apprend en effet tous les styles de danse, approfondi sa technique classique et se forme à la technique Graham, au Jazz, à la comédie musicale, au chant, etc. Grâce à ces années cannoises, il devient effectivement un artiste, obtient le prix de Lausanne et passe, à 18 ans, une audition chez John Neumeier qui l'engage au Ballet de Hambourg où il passera plusieurs années, contribuant à de nombreuses création et dansant de nombreux rôles jusqu'à une blessure qui l'orientera vers le métier de chorégraphe.

Le livre de Jean-Christophe Maillot est très riche de nombreuses photographies de ces années d'apprentissage et des principales rencontres qu'il fit à cette époque. Le format généreux permet de découvrir grâce à des petites astuces éditoriales, des photos d'archives et beaucoup de témoignages de chorégraphes, de danseurs et compagnons de route. Les pages sont ponctuées de textes écrits par Jean-Christophe Maillot ou par Jean-Marie Laclavetine, écrivain.

La partie la plus importante du livre est bien sûr, consacrée à son métier de chorégraphe et à ce parcours exceptionnel qu'il réalise à la tête des Ballets de Monte-Carlo, où il a été nommé par la princesse Caroline de Hanovre en 1992, après plusieurs années de direction du centre chorégraphique de Tours. Il emmène avec lui une équipe, des envies et un style qui sera celui qui le rendra mondialement célèbre. Le vocabulaire classique dont il aime l'élégance et l'élasticité, mais aussi une modernité assumée qui lui permet de réécrire certains ballets, d'inventer de nouveaux codes. La rétrospective de son répertoire choisit le mode thématique, parlant ainsi d'amour sous différentes formes, de la mort, de l'absence, de l'humour, de la folie et de la magie.

Jean-Christophe Maillot s'entoure de danseurs fidèles et aime raconter des histoires avec leur corps. C'est ainsi qu'il a décidé de consacrer un large chapitre à celle qui fut sa muse, danseuse, star du ballet avant d'en devenir la maîtresse de ballet, Bernice Coppieters. Là encore, sa carrière hors-norme est illustrée à travers les très nombreuses photos et racontée aussi par des plumes variées comme Jean-Marie Laclavetine ou Jean Rouaud.

Les arts ne sont pas oubliés. Avec un hommage à tous ceux, nombreux, qui l'ont accompagné pour les scénographies de ses ballets de Philippe Favier à Frank Stella, de Valerio Adami à Ange Leccia, ou bien sûr, Ernest Pignon Ernest. Fils d'un peintre décorateur, Jean-Christophe Maillot sait à quel point ces décors forment l'écrin qui valorise ses ballets, tout comme les costumes, qu'il confie à de grands créateurs, comme Philippe Guillotel, Karl Lagerfeld, Jérôme Kaplan, réalisé sous la supervision de Jean-Michel Lainé, chef de l'atelier de costume des Ballets de Monte-Carlo.

La musique aussi dispose de son chapitre dédié avec des compositeurs comme Bertrand Maillot et les multiples inspirations issus du répertoire classique. Là encore, des témoignages permettent d'éclairer et le mieux comprendre la profondeur de son travail et la manière dont il se nourrit.

Ce livre est enfin un hommage à une compagnie exceptionnelle, dont les danseurs seront rompus à de nombreuses techniques et savent sublimer les œuvres des chorégraphes contemporains, Mats Ek. William Forsythe, Jiri Kilian, et tant d'autres. Un fascinant retour sur plus de trente années à la tête des Ballets de Monte Carlo.