Les troublants chemins musicaux de la viole de gambe de Salomé Gasselin
Toute comme l'orgue, la viole de gambe semble être l'instrument idéal pour s'adapter à toute musique dont le style lui correspond, en particulier au travers de la transcription. C'est ce que nous montre avec superbe Salomé Gasselin et ses amis musiciens. Bach et Biber s'en trouvent magnifiés et écoutés sous d'autres climats.

Il y a deux ans, Salomé Gasselin, entourée de ses amis musiciens et en particulier de l'organiste Emmanuel Arakélian, proposait un premier album « Récit » qui explorait déjà l'art de la transcription de plusieurs pièces du répertoire de l'orgue classique français. Puis en 2024, la musicienne a été récompensée d'une Victoire de la musique, catégorie « Révélation soliste instrumental ».
Ce nouveau CD, toujours chez Mirare, s'attache à deux auteurs allemands, Bach et Biber. Comment est-ce possible de découvrir encore une nouvelle perception d'une œuvre de Bach ? En étudiant le contexte instrumental de l'époque, on remarque des ensembles dits « de consort » réunissant par exemple des cordes de différentes tessitures afin d'en extraire une sonorité homogène et cohérente, apte à traduire avec finesse et précision des polyphonies parfois complexes. Les instruments à vent connaissent également ce genre de formation.
Le disque débute en force avec la viole de Salomé Gasselin égrenant les notes de l'étonnante Pièce d'orgue BWV 572. Cette introduction désinvolte et volubile débouche sur une savante et grave polyphonie à cinq voix que l'ensemble de violes porte tel un grand fond d'orgue. L'effet est saisissant, de même que les arpèges finaux relayés par l'orgue positif.
Une autre approche originale nous est proposée avec la Suite n°2 pour violoncelle de Johann Sebastian Bach, interprétée à la viole de Gambe. Dans le sillage de Jordi Savall et de Paolo Pandolfo qui avaient montré l'exemple, Salomé Gasselin revisite avec émotion cette œuvre dont la tonalité de ré mineur se prête particulièrement au côté nostalgique et mystérieux du Prélude, que la gambe exprime dans ses moindres affects. La rhétorique baroque sonne ici en plénitude. L'orgue qui est l'instrument de la transcription par excellence trouve une nouvelle fois son rôle inversé avec l'adaptation d'un mouvement de la Sonate en trio n° 4 BWV 528. Ici, l'Andante nous entraîne dans un thème interrogatif qui se résout à l'apparition d'un deuxième motif qui apporte une réponse lyrique et apaisante. En contrepoint la Chaconne de Biber initialement composée pour le violon prend des airs de gravité et d'orchestre virtuel.
Quelques chorals d'auteurs anonymes viennent rythmer le programme comme pour signifier le style d'un langage où ces mélodies connues de tous semblent partout présentes, en guise d'inspiration. L'ensemble des instrumentistes, utilisant parfois, pour les besoins de l'écriture, des violes de diverses tessitures, offrent une couleur très chaude mêlée aux sonorités boisées de l'orgue positif.
Ce CD constitue en quelque sorte un volume 2, suite du premier album « Récit » dans l'exploration de ces répertoires baroques croisés. Une très belle démarche que l'on souhaite voir se poursuivre dans l'avenir.










Je viens d’entendre une reprise de « run away» extraordinaire de Salomé Gasselin je voudrais savoir s’il a été enregistré et où on peut le trouver