Mohamed Toukabri : virtuose aux multiples facettes
Le festival Latitudes Contemporaines, qui démocratise le spectacle vivant sous toutes ses formes dans la métropole lilloise tout au long du mois de juin, revient pour sa 23ème édition. L'occasion de découvrir en avant-première la nouvelle pièce solo de Mohamed Toukabri.

Le Tunisien Mohamed Toukabri a commencé le breakdance à l'âge de 12 ans. Il a ensuite rejoint le Sybel Ballet Théâtre (TN) dirigé par Syhem Belkhodja, avant de poursuivre sa formation à Paris, à l'Académie Internationale de la Danse. Il a collaboré avec le chorégraphe Imed Jemaa dans cinq de ses pièces, puis rejoint l'école de danse bruxelloise P.A.R.T.S, dirigée par Anne Teresa De Keersmaeker. Danseur dans les pièces de nombre de chorégraphes, Mohamed Toukabri chorégraphie à son tour son premier ballet, The Upside Down Man, en mai 2018. Actuellement en tournée, cette pièce a été sélectionnée pour le Het Theater Festival dans la catégorie #NewYoung. Sa dernière œuvre, The Power (of) The Fragile, un duo avec sa mère, est également en tournée à travers l'Europe. Aujourd'hui, c'est sa nouvelle production, Every-body-knows-what-tomorrow-brings-and-we-all-know-what-happened-yesterday, qui est présentée avant Avignon, à la maison Folie Wazemmes de Lille, dans le cadre du festival Latitude Contemporaines.

Ce solo envoûtant explore les liens entre la danse, la mémoire, l'histoire, la virtuosité, la migration et la politique. Sur une musique aérienne dénuée de rythme, signée Annalena Fröhlich, Mohamed Toukabri évolue devant un fond de scène transformé en écran géant sur lequel défile des phrases ou des mots, en anglais, en arabe et en français, alors que la voix d'une femme parle en arabe. Invitation à la découverte de cette « langue étrange et étrangère », à la réflexion, à l'imagination aussi, la pièce est tout cela à la fois. L'élégance et la précision gestuelle de Mohamed Toukabri embarquent le spectateur dans ce tourbillon de mots (parfois un peu trop bavard). Le danseur mêle les influences : ici un porté de bras et une pointe de pied très académiques, là un tour sur la tête ou une séquence très hip-hop, ou encore un clin d'œil furtif à Michael Jackson. Sa versatilité et sa grande maîtrise, tout comme sa performance sont impressionnantes. Toukabri joue sur tous les registres avec subtilité, de manière très fluide et naturelle. Les messages qu'il entend faire passer en revanche, s'ils sont tout à fait recevables et légitimes (les guerres, le climat, etc.) sont un peu trop appuyés. L'ensemble est de grande qualité et Toukabri un chorégraphe avec qui il faut compter.









