François Couperin en clair-obscur sous les doigts de Christophe Rousset
Dans son dernier disque enregistré en concert à Madrid en janvier 2025, Christophe Rousset nous offre une promenade à travers une sélection de pièces de François Couperin extraites de ses quatre Livres et de L'Art de toucher le clavecin.
Les Livres de pièces de clavecin de François Couperin comportent toute une galerie de portraits, comme autant d'hommages à des personnages identifiés ou non : La Monflambert, La Castellane, La Milordine, La Muse de Monaco, La Visionnaire … Titres évocateurs qui dessinent une cartographie sensible de l'univers du compositeur, entre mondanité galante et intériorité spirituelle. Chaque pièce suggère ainsi une personnalité, un souvenir, un hommage codé. Christophe Rousset les réunit par tonalité pour recréer des suites de danses qui s'ouvrent toutes par un des huit Préludes de L'Art de toucher le clavecin. Loin d'un parcours purement thématique, chaque pièce devient un tableau qui dessine en creux un portrait de Couperin lui-même, puissamment évocateur.
On connait l'attachement de Christophe Rousset pour François Couperin, à qui il a consacré une intégrale chez Harmonia Mundi dès 1994, un livre chez Actes Sud et de nombreux enregistrements. Fidèle à sa vision intimiste de l'univers du musicien du roi, il explore ici ces miniatures avec une précision d'orfèvre et une palette sonore très riche, prenant la liberté d'étirer le temps. A la virtuosité, il préfère la ligne intérieure, la suggestion, l'éloquence tranquille. Il met en scène Couperin comme un peintre subtil des humeurs, sans emphase ni clinquant, on se sent transporté dans un salon versaillais. Le contexte de la scène – il s'agit d'un enregistrement live – rend les choix stylistiques plus spontanés, tout en conservant une belle rigueur intérieure. Un enregistrement subtil et incarné, hommage sensible à l'un des orfèvres du style français.











Excellent article qui, dans sa forme elliptique, rend un hommage sensible et intelligent à un compositeur considérable (« orfèvre du style français »), mais trop peu joué, et à son interprète le plus inspiré.