Près de la moitié des collectivités ont baissé leurs budgets culturels en 2025
Le secteur culturel français traverse une zone de turbulence inédite. L’Observatoire des politiques culturelles (OPC) tire la sonnette d’alarme en s’appuyant sur les résultats de son baromètre annuel et en essayant de mesurer les conséquences de ces coupes budgétaires grâce à une « cartocrise » : une cartographie contributive destinée à recenser les baisses de subventions publiques enregistrées en 2025. Cette initiative, déclarative et participative, vise à mesurer concrètement l’ampleur des restrictions budgétaires qui touchent l’ensemble des acteurs culturels, artistiques, patrimoniaux et socioculturels sur l’ensemble du territoire.
Au début de l’année, les coupes drastiques de la région Pays-de-Loire et du département de l’Hérault n’étaient que l’arbre qui cachait la forêt. Selon les premiers résultats du Baromètre 2025 sur les budgets et les choix culturels des collectivités, dévoilés le 9 juillet à Avignon, près de la moitié des collectivités territoriales ont voté en 2025 une baisse de leurs crédits culturels, tant en fonctionnement qu’en investissement. Une évolution qualifiée d’historique par l’OPC, qui note qu’en trente ans d’observation, une telle inflexion n’avait jamais été constatée à cette échelle. Pire encore : 21 % des exécutifs locaux ont réduit leur soutien de 10 à 20 %, et dans certaines régions ou départements, les coupes dépassent les 20 %. Aucune discipline n’est épargnée. Si le spectacle vivant, les festivals et l’éducation artistique et culturelle (EAC) figurent parmi les plus durement atteints, les baisses affectent également les projets les plus populaires et fédérateurs. Les marges de manœuvre se resserrent brutalement, mettant en péril la vitalité artistique dans les territoires.
Les associations culturelles en danger
Communes, intercommunalités, métropoles… ces échelons locaux financent près de 80 % des dépenses culturelles des collectivités. Jusqu’ici plus résilients, ils commencent eux aussi à reculer. Le pilier de proximité que représentent les communes s’effrite, sous la pression conjuguée de l’inflation, de la crise énergétique et de la baisse des dotations. Écoles de musique, compagnies locales, festivals indépendants : le tissu culturel associatif, déjà souvent précaire, encaisse de plein fouet les effets de ces coupes. Cette année, quatre fois plus de collectivités locales, soit 42 % des exécutifs locaux ont réduit leur soutien aux associations culturelles. Pour nombre d’entre elles, ces baisses compromettent la continuité de leur activité, leur capacité à embaucher ou à maintenir une programmation annuelle.
Conséquence directe de ces coupes budgétaires : l’emploi culturel décline. Un tiers des départements et 30 % des communes enregistrent déjà des baisses d’effectifs dans les structures culturelles. Dans un secteur où les contrats sont souvent courts, précaires ou liés à des projets ponctuels, ces chiffres augurent une précarisation accrue des professionnels de la culture. En toile de fond de ces alertes chiffrées, une question s’impose : jusqu’où pourra tenir l’écosystème culturel local, qui repose sur un fragile équilibre entre soutien public, initiatives de terrain et engagement citoyen ? À l’heure où les collectivités doivent arbitrer entre de nombreuses priorités, la culture semble de plus en plus reléguée en arrière-plan des préoccupations au risque de voir s’effondrer des années de politiques publiques bâties sur l’accès pour tous, la diversité des expressions et l’ancrage territorial de la création artistique.









