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Virtuose Dmitri Masleev aux Pianos Folies du Touquet

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Le Touquet. Palais des Congrès. Salle Maurice Ravel. 16-VIII-2025. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate n° 3 en do majeur op. 2 ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Sonate n° 8 en la mineur K.310 ; Franz Liszt (1811-1886) : Rhapsodie espagnole ; Totendanz ; Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : Variations sur un thème de Corelli op. 42. Dmitri Masleev, piano

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Dans un récital au programme éclectique recrutant successivement Beethoven, Mozart, Liszt et Rachmaninov, le pianiste fait montre d'une virtuosité insolente, confortée par une sensibilité laissant libre cours aux épanchements les plus intimes de l'âme.

Pur produit de l'école russe de piano, lauréat du prestigieux concours Tchaïkovski de Moscou en 2015, le pianiste mène depuis cette date une fulgurante carrière, à la scène comme au disque, déjà jalonnée par deux opus discographiques dont le dernier Dies Irae paru récemment chez Aparté, fait largement l'écho au récital de ce soir.

Le concert s'ouvre avec la Sonate pour piano n° 3 de Beethoven, avant dernière des quatre sonates de l'opus 2 dédiées à Joseph Haydn, composée en 1794-1795. Si elle porte encore les stigmates du classicisme, cette sonate de jeunesse traduit déjà une certaine émancipation de la part du maitre de Bonn avec une virtuosité qui s'affirme en même temps que prend forme la grande sonate de concert, d'une ampleur orchestrale. Elle comprend quatre mouvements : un Allegro con brio où s'affiche d'emblée une virtuosité parfaitement assumée par le pianiste russe dont on admire, tout à la fois, la facilité et la fluidité du jeu avec une pointe de galanterie, l'arrogante technique irréprochable, la beauté et la clarté de la sonorité, ainsi que la puissance sans lourdeur du toucher. Mêlant délicatesse, solennité, poésie et profondeur d'intonation avec des basses bien timbrées par une impressionnante main gauche, l'Adagio laisse sourdre le drame au travers de ses contrastes, tandis que le Scherzo, remplaçant le classique menuet, envoute par sa dynamique et son houleux trio. L'Allegro assai final achève en beauté cette admirable interprétation portée par une brillante virtuosité.

Nullement en reste la Sonate pour piano n° 8 de Mozart est la première des sonates de Mozart composée sur le mode mineur. Écrite à Paris en 1778, elle se teinte cependant de couleurs plus dramatiques car contemporaine de la mort de la mère du compositeur. En trois mouvements, elle séduit par le cantabile et la clarté des lignes de l'Allegro maestoso, comme par la pointe de détresse qui perce sous l'Andante, avant que là encore la virtuosité ne reprenne ses droits dans le Presto final.

Après la pause, le programme reprend une large part du dernier enregistrement discographique sus cité avec la Rhapsodie espagnole de (1863). Une œuvre inspirée de la tournée de Liszt en Espagne (1845) dont Masleev livre une interprétation enthousiasmante et contrastée dans l'entrelacement des deux thèmes, celui percussif et puissant de la Folia et celui, plus léger et dansant de la Jota aragonaise : une lecture pour piano solo d'une exceptionnelle acuité qui n'a rien à envier à la version pour piano et orchestre à cordes récemment orchestrée par Mikhail Petukhov.

Dans une transition d'une subtile intelligence, les Variations sur un thème de Corelli de (1931) assurent la suite du programme toujours autour du thème de la Folia. Magnifique occasion pour le pianiste russe de faire valoir toutes les subtilités et couleurs infinies de son jeu tout au long des vingt variations que compte l'œuvre, dans un mélange de langueurs et de passion, véritable feu d'artifice pianistique en forme de course folle où le thème tend à disparaitre…

D'un tout autre climat la Totentanz (paraphrase sur le thème grégorien du Dies Irae) de (1849) imprégnée d'effroi conclut la soirée sur une lecture ébouriffante, débordant d'énergie, émaillée de grands glissandos, portée par une virtuosité véhémente dans une espèce de course à l'abîme désespérée, chargée d'urgence et de terreur  dont on ne sort pas indemne.

Virtuosité encore et toujours avec un « bis » très motoriste emprunté à la suite orchestrale « Time forward » de , prélude à une longue standing ovation bien méritée.

Crédit photographique : © Alexandra Hart / Mirare productions

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Le Touquet. Palais des Congrès. Salle Maurice Ravel. 16-VIII-2025. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate n° 3 en do majeur op. 2 ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Sonate n° 8 en la mineur K.310 ; Franz Liszt (1811-1886) : Rhapsodie espagnole ; Totendanz ; Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : Variations sur un thème de Corelli op. 42. Dmitri Masleev, piano

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