Deux facettes du flamenco au festival Cadences
Cadences, le festival de danse du bassin d'Arcachon, qui accueillait cette année dix-huit compagnies venues des quatre coins du globe, dont le Brésil dans le cadre de l'année France-Brésil, n'a pas pour autant délaissé le flamenco. Daniel Ramos et Ana Pérez en ont ainsi montré plusieurs facettes.
Fille d'une danseuse de flamenco et d'un chorégraphe contemporain, Ana Pérez synthétise parfaitement ces deux influences sur scène, tout en amenant une touche très personnelle. Accompagnée de son compositeur et guitariste, elle délivre avec Stans un flamenco revisité avec douceur et délicatesse. Les pas semblent décomposés, esquissés parfois. La danseuse se fait chanteuse et susurre une mélodie entêtante, pour évoquer l'état de la résistance physique et psychologique qui permet de rester debout. Sous la douceur et la langueur dégagée au début de la pièce, la flamme couve et surgit régulièrement. L'intensité propre au flamenco parfaitement maîtrisé affleure alors et semble électriser la flamenca qui fait corps avec la musique. Le guitariste, par moment debout à ses côtés sur scène, fait partie intégrante de cette chorégraphie particulière.
Beaucoup plus classique, Daniel Ramos que l'on avait déjà pu voir l'an dernier à Cadences dans son premier spectacle solo intitulé ConTRACuerpo, revient cette fois-ci en trio. Il est également accompagné par un excellent chanteur, Nael Salazar, d'un guitariste virtuose (David Durán), et d'un batteur pour cette création intitulé Identity. Seul ou accompagné de ses deux danseurs, Rubén Puertas et Aitana Rousseau, Daniel Ramos a livré une heure de flamenco incandescent. D'abord tous vêtus de noir, les danseurs se parent au fur et à mesure de leurs apparitions de tenues chatoyantes pour faire voir une danse sensuelle et habitée. Le chorégraphe donne suffisamment de liberté à ses danseurs pour qu'ils explorent leur identité dans la musique, le mouvement et les sentiments. Se jouant des codes, Daniel Ramos se voile d'un grand châle à frange avant d'en jouer, un peu à la manière d'un torero. Les interprètes, qui ont tous travaillé dans différentes compagnies et divers environnements, laissent apparaître ici leur personnalité, qui perce à travers une chorégraphie respectueuse des codes du flamenco mais qui sait aussi s'en détacher, juste assez pour ne pas tomber dans les stéréotypes.
Crédits photographiques : © Audrey Chazelle (pour Ana Pérez)
Lire aussi : Tous nos articles du Festival Cadences d'Arcachon









