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Tânia Carvalho fait entrer Boulez et la danse aux musées

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Lyon. Musée des Beaux-Arts. 27-IX-2025. Dans le cadre de la Biennale de la danse de Lyon. Chorégraphie : Tânia Carvalho. Interprètes du Jeune Ballet du CNSMD Lyon : Marie Barbaret, Léo Bertoli, Hugo Bourbier, Wilson Debain, Angel Favarel-Denat, Lucas Guerton, Ellena Henry-Ostermann, Joanne Jacob, Elsa Lersteau, Valentine Longour, Riley Louis, Nicolas Mariot, Mathis Peytavi, Lou-Ann Randriambololona-Raharijaona, Mathilde Revert, Justin Rioult, Hugo Witczak. Interprètes du Jeune Ballet du CNSMD Paris : Antonin Alzieu, Lucie Blank, Noan Colin, Brune de Guardia de Ponte, Jeanne Fohr, Thimoté Guyot, Sofiya-Nikol Katerynchuk, Maël Maréchal, Juliette Peyronnaud, Malia Pouponnot, Haritina Razanajatovo. Musicien·nes : Étudiants du Pôle Interprétation du CNSMD Lyon – Jeanne Manouck (clarinette), Joohyang Han (piano), Parchan Djoharian (violon), Gloria Chamorey, Wei Chen, Vincent Craviatto, Damien Hugon, Kanade Ishii, Carla Moujahed-Coste, Armand Safavi (violoncelles)

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Dans Tout n'est pas visible, tout n'est pas audible, la chorégraphe portugaise a fait travailler les jeunes danseurs des Conservatoires nationaux supérieurs de Paris et Lyon au Musée des Beaux-Arts de Lyon, avant d'investir ce week-end le Musée d'art moderne de Paris. Hypnotisant…

Cela commence au jardin. Dans le grand cloître du Musée des Beaux-Arts de Lyon, on croit attendre l'appel du spectacle. Or, il est déjà là. Dans les allées, de jeunes gens en pantalons et T-shirts en tulle, déambulent doucement, l'air ailleurs, dans un autre monde. Les uns sont assis sur un banc, d'autres y sont allongés. Certains donnent l'air de bavarder, les autres d'observer les immenses statues de Rodin, telles un miroir corporel de leur propre gestuelle. Et déjà, la magie commence. On entre en somnambulisme. On marche avec eux. La suite aura lieu dans plusieurs salles du Musée des Beaux-Arts. Le grand réfectoire tout d'abord, puis les escaliers, la grande salle des sculptures et les salles des peintures des XVIe et XVIIe siècle à l'étage.

Ce qui fascine, dans cette déambulation d'une heure qui clôt la 2025, c'est la liberté qu'elle propose. Chacun peut suivre les danseurs selon ses envies. S'attarder avec quelques-uns dans une pièce, suivre les autres, revenir, délaisser les uns pour découvrir de nouveaux groupes. Cette liberté que n'offre pas le théâtre en frontal permet aussi, pour la danse, d'être le concepteur de son propre spectacle et des corps que l'on regarde. De tourner autour d'eux, de les voir à sa façon. Ou de ne plus les regarder et de s'attarder sur un Véronèse, un Tintoret ou un Zurbaran. D'autant que la chorégraphie, magnifiquement fluide, pleine d'énergie ou soudain statique, permet de modifier les rythmes du spectacle. Un danseur s'asseoit soudain sur un banc, ou s'allonge à terre voire sur les marches du très bel escalier, devenant ainsi sculpture parmi les sculptures. Ou personnage de tableau prenant vie. La mise en abyme est particulièrement forte dans les grands tableaux allégoriques flamands où éclatent les pièces pour clarinette et piano d'Alban Berg, où la danse devient aussi plus violente.

Ce qui frappe enfin, c'est évidemment la musique de Boulez, compositeur prédominant dans ce spectacle, choisi afin de commémorer le . Les solos pour violon, ou les fameuses « Messagesquisses » pour sept violoncelles résonnent avec une incroyable force dans ces grandes salles des peintures. Et il en ressort une évidence : Boulez est hautement chorégraphiable. Le compositeur n'aimait pas vraiment la danse. Il n'est même jamais allé voir ce que Béjart (totalement admiratif du musicien) avait créé sur son œuvre. Ce fut injuste.

Boulez aurait sûrement aimé ce qu'a compris . Une véritable énergie, une cadence mélodique qui se fracture, obligeant des changements de direction, des arrêts sur image, des lignes de fuite, un mouvement très cunninghamien. Boulez, qui aimait à transmettre, aurait aimé aussi ces 28 jeunes danseurs si investis, quasiment somnambules, comme dans un autre monde, et ces dix jeunes musiciens du . Ces élèves de nos deux plus grands Conservatoires français étaient à Lyon, ils prolongent du 3 au 5 octobre leur expérience au Musée d'Art Moderne de Paris dans le cadre du Festival d'Automne à Paris. Avec, sûrement, une nouvelle manière d'investir des œuvres plus contemporaines.

Crédit photographique : © Blandine Soulage

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Lyon. Musée des Beaux-Arts. 27-IX-2025. Dans le cadre de la Biennale de la danse de Lyon. Chorégraphie : Tânia Carvalho. Interprètes du Jeune Ballet du CNSMD Lyon : Marie Barbaret, Léo Bertoli, Hugo Bourbier, Wilson Debain, Angel Favarel-Denat, Lucas Guerton, Ellena Henry-Ostermann, Joanne Jacob, Elsa Lersteau, Valentine Longour, Riley Louis, Nicolas Mariot, Mathis Peytavi, Lou-Ann Randriambololona-Raharijaona, Mathilde Revert, Justin Rioult, Hugo Witczak. Interprètes du Jeune Ballet du CNSMD Paris : Antonin Alzieu, Lucie Blank, Noan Colin, Brune de Guardia de Ponte, Jeanne Fohr, Thimoté Guyot, Sofiya-Nikol Katerynchuk, Maël Maréchal, Juliette Peyronnaud, Malia Pouponnot, Haritina Razanajatovo. Musicien·nes : Étudiants du Pôle Interprétation du CNSMD Lyon – Jeanne Manouck (clarinette), Joohyang Han (piano), Parchan Djoharian (violon), Gloria Chamorey, Wei Chen, Vincent Craviatto, Damien Hugon, Kanade Ishii, Carla Moujahed-Coste, Armand Safavi (violoncelles)

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