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Le Quatuor Gringolts à Luxembourg

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Luxembourg. Philharmonie, Salle de musique de chambre. 20-X-2025. Wolfgang A. Mozart Streichquartett KV 464 ; György Kurtág Hommage à Jacob Obrecht ; Robert Schumann Streichquartett op. 41/3. Quatuor Gringolts

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Mozart et Schumann entourent Kurtág, dans des interprétations claires et affirmées où chaque musicien a son mot à dire.

La salle de musique de chambre de la Philharmonie de Luxembourg est certainement l'une des plus belles salles que l'on connaisse pour ce genre musical, que ce soit pour ses amples et inhabituels volumes ou pour son acoustique idéalement chambriste. On ne peut donc être que surpris pour commencer le concert du Quatuor Gringolts d'avoir ainsi constamment envie de baisser le son, comme si les musiciens ressentaient le besoin de remplir ces vastes espaces qui se débrouillent pourtant très bien tout seuls pour mettre le spectateur au cœur du son. On peine un peu à s'emparer de ce que les instrumentistes proposent au-delà du volume sonore dans la première œuvre de la soirée, le Quatuor KV 464 de Mozart : la suite du concert le confirmera, on perçoit d'emblée un ensemble constitué de quatre fortes personnalités. On pourrait s'attendre à ce qu'une formation ainsi constituée autour d'un soliste de premier plan se mette à son service, et chez Mozart le premier violon peut en effet à raison se mettre au premier plan ; ce n'est pas ce qui se passe ici, où assure sans peine les passages les plus exposés, mais sans que les trois autres instrumentistes ne deviennent de simples accompagnateurs. Il en résulte un Mozart moins soucieux d'équilibre que de lignes tranchantes, pas confortable, mais qui a le mérite de la franchise.

Après l'entracte, fort heureusement, le volume sonore est revenu à un niveau plus habituel. L'Hommage à Jacob Obrecht de Kurtág ne supporterait naturellement pas un volume sonore similaire à celui de la première partie. Ces quelques minutes d'hommage au compositeur de la Renaissance, composées en 2004, témoignent de la fascination de Kurtág pour les racines de la musique occidentale : la présence de cet autre monde musical est ici à la fois fantomatique et entêtante, et les échos avec la musique de Schumann tout aussi essentielle pour Kurtág ne peuvent être ignorés. Le Quatuor Gringolts restitue éloquemment ces fantômes et ces ruptures, même si on aimerait parfois qu'il aille un peu plus loin dans le travail des détails, qui chez Kurtág ne sont jamais un simple accessoire de l'atmosphère générale.

C'est ensuite le Quatuor n° 3 de Schumann qui conclut le concert. Les musiciens du Quatuor Gringolts ont enregistré les trois quatuors au début de leur carrière commune (2 CD Onyx, 2011) : quinze ans plus tard, leur affinité avec cette musique n'a pas diminué, et on admire l'atmosphère délicate des passages lents tout comme les accents tranchants du premier mouvement. Là encore la fusion du son des quatre instruments en une sonorité commune n'est pas l'objectif des Gringolts qui défendent cependant l'œuvre avec conviction ; la présence forte du violoncelle n'est pas pour nous déplaire, et la droiture d'une interprétation qui préfère la clarté des lignes à un romantisme plus fiévreux ou plus embrumé a des séductions certaines.

Crédits photographiques : © Sébastien Grébille

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