Les arts performatifs au cœur de la mission de la Villa Hegra
À l'occasion de Viva Villa! à la Gaîté Lyrique, la résidence française Villa Hegra, installée à Al-Ula en Arabie Saoudite, renforce son engagement pour la danse et le dialogue interculturel.
Dans le foisonnement des résidences artistiques françaises à l'étranger, l'une des dernières nées est la Villa Hegra, installée à Al-Ula, au cœur du désert saoudien. Invitée pour la première fois à ¡Viva Villa!, la rencontre annuelle organisée à la Gaîté Lyrique, elle incarne une nouvelle génération de villas ouvertes sur le monde, où la création contemporaine s'envisage comme un lieu d'échanges entre cultures et disciplines.
Pour cette édition 2025, la Villa Hegra a présenté à ¡Viva Villa! Le Royaume des ombres, performance imaginée par le chorégraphe Noé Soulier et interprétée par le danseur de l'Opéra de Paris Vincent Chaillet. Son concept se décline en quatre temps : la présentation du vocabulaire du ballet classique, puis un enchaînement des pas de préparation de la variation de Solor dans La Bayadère, suivi de la variation dans son intégralité, et enfin une succession des principaux pas de toutes les chorégraphies connues du XIXème siècle, de La Sylphide à La Bayadère. Sans jamais s'éloigner du lexique académique, Vincent Chaillet montre la danse tout en la commentant, reprenant son souffle entre deux séquences.
Ce travail d'archéologie du mouvement trouve un écho direct dans la philosophie de la Villa Hegra, qui place désormais les arts performatifs au cœur de sa mission. Depuis sa création en 2023, la Villa Hegra a déployé une programmation de préfiguration soutenue par la Royal Commission for Al-Ula (RCU) et Afalula, l'agence française pour le développement d'AlUla. Sous la direction conjointe de la commissaire saoudienne Wejdan Reda et du commissaire français Arnaud Morand, elle a multiplié les initiatives hors les murs : résidences d'artistes, ateliers, concerts, expositions et collaborations avec des institutions françaises majeures comme l'Opéra national de Paris, Chaillot – Théâtre national de la Danse, la Philharmonie de Paris ou encore le CNRS.
En décembre 2024, Noé Soulier avait déjà été invité à Al-Ula pour créer Crossings (notre photo), une pièce interprétée par le Junior Ballet de l'Opéra national de Paris, donnée dans le décor grandiose du Habitas Al-Ula, dans un dialogue entre création contemporaine et patrimoine naturel. Vincent Chaillet a contribué à la formation des danseurs du Junior Ballet lors des préparations de Crossings.
L'ouverture officielle de la Villa Hegra, en octobre 2025, marque un tournant. Dans son nouveau bâtiment situé au centre d'Al-Ula, la Villa Hegra inaugure en effet le premier studio de danse et d'arts performatifs de la région. Ce site, qui comprendra également un auditorium, des espaces d'exposition et des ateliers éducatifs, se veut un lieu de création et de transmission. Il vise à ancrer la danse dans le territoire, tout en ouvrant le territoire à la danse. La saison inaugurale 2025-2026, pilotée par Gaël Charbau et Basmah Felemban, accueillera notamment le chorégraphe Rachid Ouramdane, directeur de Chaillot – Théâtre national de la danse, pour une série de performances in situ et la création d'« ateliers du mouvement » destinés aux publics d'Al-Ula.
Né en 2016, ¡Viva Villa! réunit chaque année les grandes résidences artistiques françaises, de Rome à Kyoto, de Madrid à New York, dans un événement qui mêle rencontres, performances et projections. À travers ce rendez-vous, le public découvre les projets nés de ces lieux d'échanges, souvent déterminants dans les parcours des artistes. Cette année, la présence de la Villa Hegra et de la Villa Swagatam (Inde) marquait une nouvelle étape dans l'ouverture du réseau à d'autres géographies culturelles. (DG)
