Le Bach solaire d’Isabelle Faust dans les Sonates avec continuo
Après ses versions d'anthologie des sonates et partitas pour violon seul, des sonates avec clavecin et des concertos, Isabelle Faust achève son grand cycle Bach par les sonates avec continuo. Des œuvres plus modestes, mais magnifiées par un timbre solaire.
Après ses gravures de référence des Sonates et Partitas pour violon seul, puis des Sonates pour violon et clavecin, c'est toujours avec Kristian Bezuidenhout, cette fois accompagnée de la violoncelliste Kristin von der Goltz, qu'Isabelle Faust achève son grand cycle Johann Sebastian Bach, avec les moins connues Sonates pour violon et continuo. Bien sûr, à côté des « cathédrales » sonores que sont les sonates et partitas, les Sonates avec continuo sont des pièces plus modestes, des œuvres de circonstance, parfois à simple usage domestique, mais qui révèlent néanmoins de grandes beautés. Surtout quand c'est le violon solaire d'Isabelle Faust qui s'en empare, un magnifique violon baroque, copie du sublime Stradivarius « Sleeping Beauty »de 1704.
La prise de son spectaculaire avec un clavecin très (trop ?) présent offre un écrin grandiose à ces œuvres de circonstance. Dès l'introduction majestueuse en forme de toccata de la Sonate en mi mineur BWV 1023, Isabelle Faust s'impose par sa noblesse de ton, la précision, la musicalité et la largeur de son jeu d'archet. Entre style germanique et italien, Johann Sebastian Bach joue de toutes les couleurs dans ces pièces souvent courtes, toujours renouvelées, mais aux origines parfois incertaines. Comme pour la noble Sonate en do mineur BWV 1024, au départ attribuée à Johann Georg Pisendel, le grand violoniste ami du compositeur. Qu'importe, les ornementations fastueuses sont dans le plus pur style Bach. Etrange page également que cette solitaire et virtuose Fugue en sol mineur BWV 1026, aux passages foisonnant de doubles cordes, d'arpèges brisés et de bariolages variés dont Isabelle Faust fait un immense arc-en-ciel. L'équilibre est également parfaitement tenu dans la puissante Sonate en sol mineur BWV 1029, transcription de l'une des rares sonates de Bach pour la viole de gambe. Le passage au violon fait de cette page un véritable mini concerto, le clavecin étant un orchestre à lui seul. Conclusion solaire d'un disque qui s'écoute d'une traite.
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