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Divertimenti de Mozart par l’Ensemble Philidor

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W.A. Mozart (1756-1791) : Divertimenti KV 213 en Fa M , KV 240 en Si b M, KV 252 en Mi b M, KV 253 en Fa M, KV 270 en Si b M. – Douze pièces brèves pour deux cors KV 487. Ensemble PHILIDOR, Éric Baude (direction). 1 CD Calliope n° CAL 9329. Durée : 78’58 ; DDD ; notice bilingue. Novembre 2003.

 
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W.A. Mozart (1756-1791) : DivertimentiLe Divertimento, comme son nom l’indique, et au même titre que la Cassation, la Sérénade ou toute espèce de Tafelmusik, ne vise qu’à divertir. Aussi convient-il de ne pas venir chercher ici ce qu’on ne risque pas d’y trouver. Point de longs développements avec savantes et complexes modulations, nulle angoisse sous-jacente, pas même la moindre tonalité en mineur : nous ne sommes pas dans le Mozart des Quintettes à cordes, des dernières symphonies, ni même dans celui des sonates. Ce Mozart-là ne vise qu’à plaire — voire complaire — eu égard à son commanditaire (et employeur) le prince-archevêque de Salzbourg : Colloredo. Il s’agit simplement d’agrémenter les repas fins donnés en son château de Mirabell, par le maître des lieux.

Sont donc proposés, ici, Cinq des six divertimenti dits « de Salzbourg », composés dans les années 1775 à 1777. On nous explique, dans le livret d’accompagnement, que le KV 289 en Mi b, d’authenticité plus que douteuse a été écarté de cet enregistrement. Mozart dans ces pièces, brèves mais néanmoins bien structurées aurait, selon Brigitte et Jean Massin (¹), « mis du soin à son travail, mais peu de cœur ». Un manque de cœur dont on est en droit de douter à l’écoute de ces pages ; et si l’on se réfère à une lettre de Gottfried von Jacquin, le second fils de la famille Jacquin, des amis francs-maçons de la période viennoise. Cette lettre, donc — à Mozart adressée — laisse entendre en substance, qu’un génie tel que Mozart, dans la moindre de ses compositions, ne peut jamais s’affranchir du sentiment. Encore faut-il admettre que le « cœur » ou le « sentiment » n’est pas forcément celui qui s’épanche.

La période viennoise est d’ailleurs représentée dans ce récital par les douze duos pour deux cors (dédiés à la famille Jacquin), datant de 1786… astucieusement placés par groupes de trois, en alternance avec les Divertimenti, afin d’éviter toute monotonie.

Ces derniers, traités en sextuors à vents, par doublets (deux hautbois, deux bassons, deux cors), valent souvent mieux que ce que les analyses musicologiques ne veulent communément admettre. Il est en effet bien regrettable que toutes pièces instrumentales desquelles sont absentes les cordes (ou le piano), et portant la signature de Mozart — Gran Partita mise à part – soient systématiquement considérées comme partitions négligeables ; puisque jouées — le préjugé est tenace — par des instruments reconnus comme « subalternes ». Or, certains morceaux de ces pièces-là méritent toute notre faveur et attention.

Ainsi l’Allegro spiritoso de KV 213, où les deux hautbois expriment — subtilement — tout le spiritoso demandé, le caractère très dansant de la contredanse (alla française). De même que l’Andante grazioso et l’Allegro final du KV 240, riches d’ » idées » musicales qui ne renient pas leur paternité, et qu’on verrait bien appliquées à quelque symphonie ou concerto ! Quant au Tema Andante et variations du KV 253 en fa majeur, il porte indubitablement la marque, la » patte » pourrait-on dire de l’auteur des célébrissimes variations « Ah ! Vous dirai-je maman ». Enfin, dans l’Allegro molto du KV 270 en si bémol majeur, se profile la trame, l’esquisse de quelque ouverture d’opéra, à laquelle ne manque que le complément d’orchestration.

La prise de son, claire et aérée favorise grandement ces exécutions limpides, impeccablement « ciselées » ; et valorise les timbres chaleureux ou délicieusement acidulés (hautbois) des instruments anciens. Mention spéciale aux deux cors qui atteignent un niveau de justesse et de pureté d’émission exceptionnel. Les « Philidor » d’Éric Baude, sous l’apparente facilité, déploient une technique instrumentale éclatante, confondante de maîtrise ; ils donnent à goûter un jeu d’une exquise musicalité. L’on se remet volontiers à leur écoute, tant cette musique-plaisir est régal… par pure gourmandise.

(¹) Brigitte et jean Massin : Mozart (Ed. Fayard)

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W.A. Mozart (1756-1791) : Divertimenti KV 213 en Fa M , KV 240 en Si b M, KV 252 en Mi b M, KV 253 en Fa M, KV 270 en Si b M. – Douze pièces brèves pour deux cors KV 487. Ensemble PHILIDOR, Éric Baude (direction). 1 CD Calliope n° CAL 9329. Durée : 78’58 ; DDD ; notice bilingue. Novembre 2003.

 
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