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Beethoven Resound de Martin Haselböck : une histoire qui finit mal

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Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n° 5 en ut mineur op. 67 ; Symphonie n° 6 dite « Pastorale » en fa majeur op. 68. Orchester Wiener Akademie ; direction : Martin Haselböck. 1 CD Alpha. Enregistré en novembre 2018 et juillet 2019 dans la Landsaal du Palais Niederösterreich de Vienne. Notice trilingue : anglais-allemand-français. Durée : 80:16

 
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Pour ce huitième et ultime volet de la série « Beethoven Resound », appariant les Symphonies n° 5 et n° 6, et l' n'ont malheureusement pas gardé le meilleur pour la fin…

Beethoven_Orchester Wiener Akademie_Martin Haselböck_AlphaCet audacieux projet intitulé « Beethoven Resound » initié en 2014 par à la tête de son orchestre de la Wiener Akademie s'appuie sur un cahier des charges strict visant à déployer une sonorité nouvelle dans l'interprétation des œuvres orchestrales du maître de Bonn : instruments d'époque, effectif réduit, et surtout enregistrement « in situ » dans des lieux de création, ou encore fréquentés assidûment par Beethoven pour ses concerts publics. La Symphonie n° 5 et la Symphonie n° 6 sont quasiment contemporaines, créées toutes deux lors du concert historique du 22 décembre 1808 au Theater an der Wien, malheureusement plusieurs fois détruit puis reconstruit avec une acoustique bien différente des conditions originelles. C'est avec pertinence que a choisi d'enregistrer ces deux symphonies célébrissimes dans la salle des concerts du palais Niederösterreich de Vienne, salle préférée du compositeur, où il donna la première intégrale de ses symphonies entre 1819 et 1827. Hélas, force est de constater que pour ce dernier opus, la réalisation n'est pas à la hauteur des ambitions affichées ; Martin Haselböck semble bien loin du compte en nous servant, ici, un Beethoven caricatural qui jamais ne nous émeut, ni ne nous surprend, malgré ses outrances rythmiques et sa théâtralité excessive.

La Symphonie n° 5 devient sous sa baguette, une œuvre quasiment guerrière, exagérément roborative et sans nuances. L'Allegro con brio s'ouvre sur le thème fameux que Martin Haselböck reprend étonnamment dans sa forme « classique » (3 brèves, une longue) avant de poursuivre un discours fiévreux, plus pompeux que menaçant. L'énergie est excessive, les timbales tonitruantes, le tempo trop vif, le phrasé brut exagérément contrasté, tous éléments concourant à une texture orchestrale opaque d'où peinent à émerger des bois de belle facture (hautbois) et des cuivres (cors) nasillards. L'Andante con moto ne séduit pas plus par son allure martiale, ses scansions rythmiques trop marquées (timbales) et son phrasé haché. Le Scherzo, conduit sur un train d'enfer, met en avant un solide pupitre de contrebasses, poussées, ici, dans leurs ultimes limites, tandis que le crescendo de la coda est de façon surprenante remarquablement amené. L'Allegro final ne déroge pas à la ligne, se déployant à marche forcée, confus et sans nuances, résumant à lui seul une interprétation décevante.

Plus qu'aucune autre symphonie, la « Pastorale » dépend des options interprétatives du chef, passant facilement du sublime d'une évocation de la nature à la niaiserie d'une narration descriptive primaire. Une ambiguïté que Martin Haselböck peine à éclaircir, ne parvenant pas à choisir l'option adéquate, oscillant entre le pire et le meilleur… Si l'Allegro ma non troppo initial fait bonne impression par sa fluidité, par la souplesse de son phrasé, par sa belle progression dynamique, comme par la fraîcheur de son intonation et son attention apportée aux détails de l'orchestration, l'Andante suivant manque singulièrement de consistance et de charme, se complaisant dans un climat émollient confinant rapidement à l'ennui, malgré de belles interventions des vents (petite harmonie) dans les imitations d'oiseaux. Le Scherzo, rustique à souhait (cor et basson) précède un « Orage » très théâtral par son climat d'attente menaçante, entretenu par les cordes graves, avant que n'éclatent les foudres des violons, des bois (petite flûte et clarinette) s'ouvrant sur une sérénité retrouvée dans l'Allegretto conclusif, hélas mené sur un tempo trop lent pour nous intéresser quelque peu.

Ainsi se termine, avec cet ultime enregistrement, une intégrale de qualité assez inégale. En dehors de l'originalité annoncée tenant aux lieux d'enregistrement, pas grand chose de nouveau face aux anciens, ou aux tenants des instruments d'époque. Entre violence gratuite et description sirupeuse, voilà bien un dernier opus qui ne fera pas date : beaucoup de bruit pour rien…

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Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n° 5 en ut mineur op. 67 ; Symphonie n° 6 dite « Pastorale » en fa majeur op. 68. Orchester Wiener Akademie ; direction : Martin Haselböck. 1 CD Alpha. Enregistré en novembre 2018 et juillet 2019 dans la Landsaal du Palais Niederösterreich de Vienne. Notice trilingue : anglais-allemand-français. Durée : 80:16

 
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