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Découverte de deux livres d’orgue français inédits avec Jean-Baptiste Robin à Versailles

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Anonyme du Manuscrit de Berkeley (XVIIᵉ siècle) : Hymnes Ave Maris Stella ; Ave verum ; Victimae Paschali Laudes ; Pange lingua ; Veni Creator. Anonyme du Manuscrit Caumont (1707) : Suites de pièces du 5ᵉ ton ; Suite de pièces du 6ᵉ ton. Jacques-Denis Thomelin (1635-1693) : Tierce en taille. Jean-Baptiste Robin à l’orgue de la Chapelle royale de Versailles. 1 CD Château de Versailles Spectacles. Enregistré en octobre 2022. Notice de présentation en français, anglais et allemand. Durée : 68:33

 
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Mettre la main sur deux Livres d'orgue inédits de musique française du grand siècle représente un évènement tout à fait exceptionnel, surtout quand la qualité de l'écriture se hisse au sommet. , aux claviers de l'orgue rutilant de la Chapelle Royale de Versailles met en lumière ces manuscrits de grande valeur.

Deux manuscrits importants émergent presque simultanément dans le monde de l'orgue classique français. Un premier dénommé Manuscrit de Berkeley, situé dans cette célèbre université californienne, se compose de cinq Hymnes anonymes ainsi que du Troisième livre d'orgue de Nicolas Lebègue. Concernant les Hymnes, on retrouve les thèmes habituellement les plus utilisés par la plupart des compositeurs organistes de l'époque, correspondant souvent aux grandes fêtes de l'église. Les versets sont courts, au nombre de quatre pour chaque Hymne, propices à l'alternance avec un chœur. Ils sont présentés ici en intégralité.

L'autre Livre d'orgue non moins intéressant est dénommé Manuscrit Caumont et daté de 1707. Il fut acquis en 2008 par Catherine Caumont, claveciniste, chez un antiquaire de la ville d'Amiens. Ici, nous avons à faire à un volumineux recueil de 111 pièces dont certaines sont signées de leur auteur ou déjà connues dans d'autres livres. Il reste 81 pièces anonymes où réside tout l'intérêt de cet ensemble, totalement inédit. Elles voisinent avec des œuvres de Guillaume-Gabriel Nivers, Nicolas Lebègue, André Raison, , déjà connues et publiées. Curieusement ces pièces inédites sont réparties suivant seulement deux tons de l'église, le 5ᵉ ton (Ut majeur) et le 6ᵉ ton (Fa majeur) ce qui pourrait laisser imaginer qu'il ne s'agit là peut-être qu'une partie d'un ensemble plus important comportant les huit tons habituels. Ce qui frappe immédiatement c'est la qualité de l'écriture de ces pièces dont on peut attribuer la postérité à sans que cela soit formellement établi. Le style même des versets et leur forme musicale, identique à celle du fameux organiste rouennais est troublante.

On retrouve en effet toutes les formes utilisées par ce compositeur au sein de ses deux Livres d'orgue. Outre les Plein-jeux, fugues et autres basses de trompette, on rencontre de grands dialogues pour la voix humaine ou des Grands-jeux à quatre chœurs très développés pouvant servir d'Offertoire. Des jeux de tierce avec vitesses sont caractéristiques de cette riche école et se retrouvent aussi chez . A l'étude de ces textes, et avec émerveillement, on se rend compte que certains versets sont plus riches et mieux aboutis que ceux de Boyvin lui-même, les idées se succédant de manière savante et très musicale. Cela aurait-il constitué un troisième Livre avec tous les tons à l'usage des organistes pour un recueil de tribune ? La musique parle d'elle même, elle est belle, inspirée et enrichit avantageusement le répertoire du XVIIᵉ siècle déjà connu. Jean Baptiste Robin propose ici vingt-et-un versets sur les quatre-vingt-un répertoriés et édités.

En étudiant les œuvres pour orgue de l'école rouennaise, se pose la question du tempérament qui semble avoir été assez égal au vu des tonalités ou modulations difficilement praticables sur un tempérament plus outré. Ainsi dans les pièces du 6° ton, certains passages en Fa mineur demandent un accord de l'orgue adapté à ce genre de tonalité, assez rare pour l'époque. Le choix de l'orgue de la Chapelle royale de Versailles est très judicieux, reconstruit d'après l'orgue de Clicquot de 1710, contemporain de ces compositions qui nécessitent un instrument à quatre claviers, un jeu de seize pieds manuel et un tempérament adouci, ce qui est le cas ici. , l'un des titulaires de l'orgue, nous livre une version de ces pièces avec toute une approche réfléchie et inspirée par le style du grand siècle. On apprécie des tempos justes en adéquation avec les textes, la perfection de l'ornementation et l'acoustique généreuse du lieu. En hommage à cet orgue versaillais, propose une Tierce en taille de Jacques-Denis Thomelin qui en fut le titulaire et maitre de François Couperin. Cette pièce inédite fait partie du Manuscrit Caumont.

La sortie de ce disque marque un enregistrement en première mondiale d'œuvres de toute première importance, doublées simultanément avec bonheur d'une édition musicale, d'une part pour le Manuscrit Caumont aux Éditions Lyrebird Music (Jon Baxendale 2021) et d'autre part pour le Manuscrit de Berkeley aux Éditions du Centre de musique baroque de Versailles (2023). Un autre recueil de 288 pages, signalé dans une vente chez Christie's, contenant des pièces de Boyvin et d'autres anonymes dans d'autres tons pourrait lui aussi apporter un complément à ces passionnantes découvertes.

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Anonyme du Manuscrit de Berkeley (XVIIᵉ siècle) : Hymnes Ave Maris Stella ; Ave verum ; Victimae Paschali Laudes ; Pange lingua ; Veni Creator. Anonyme du Manuscrit Caumont (1707) : Suites de pièces du 5ᵉ ton ; Suite de pièces du 6ᵉ ton. Jacques-Denis Thomelin (1635-1693) : Tierce en taille. Jean-Baptiste Robin à l’orgue de la Chapelle royale de Versailles. 1 CD Château de Versailles Spectacles. Enregistré en octobre 2022. Notice de présentation en français, anglais et allemand. Durée : 68:33

 
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