Dans le cadre du festival Faits divers, Patrick Bonté et Nicole Mossoux proposent au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris la première re-création de leur pièce de 1990 sur Lucas Cranach l'ancien. Pictural !
La première version de cette pièce phare des années 90 s'appelait Les hallucinations de Lucas Cranach l'ancien. Cette version a ajouté « Nouvelles » au début de son titre. En l'occurrence, ce sont les spectateurs qui sont victimes de nouvelles hallucinations, tant la similitude entre les personnages des tableaux du peintre flamand et les représentations qu'en propose Mossoux et Bonté sont frappantes.
Judith, Salomé, Adam et Eve, Vénus, portrait de jeune fille ou de femme et d'autres tableaux célèbres sont littéralement découpés et mis en lumière dans un dispositif scénique original à trous. Fenêtres ou portes découpées dans une toile noire taillée en biseaux, referment la focale sur un détail, une gorge offerte, un visage inquiet, des mains lisant une Bible.
La perfection des costumes, des coiffures et des maquillages renforce l'illusion d'optique et nous plonge instantanément dans l'univers Renaissance du portraitiste et de ses modèles. Rien d'étonnant à ce que le spectacle ait tourné pendant 25 ans après sa création tant il permet de s'immerger dans un univers pictural baroque et foisonnant, ambigu et intense.
Derrière ces personnages se cachent des corps qui se meuvent lentement, offrant leur nudité sans tête pour « Adam et Eve » ou un corps alangui pour « La nymphe de la fontaine ».
En insistant grâce à cet effet de zoom sur des détails issus des tableaux, les deux chorégraphes nous incitent à regarder la peinture autrement : admirer l'expression d'un sourcil, l'inclinaison d'une tête, l'étrangeté d'une main d'évêque baguée. On observe fasciné ce florilège de portraits, cette plongée en mouvement dans l'histoire de l'art. C'est à la fin du spectacle que les personnages se rejoignent à l'avant-scène, découvrant qu'ils ne sont pas que des images, mais des êtres de chair et d'os.
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La première version de cette pièce phare des années 90 s'appelait Les hallucinations de Lucas Cranach l'ancien. Cette version a ajouté « Nouvelles » au début de son titre. En l'occurrence, ce sont les spectateurs qui sont victimes de nouvelles hallucinations, tant la similitude entre les personnages des tableaux du peintre flamand et les représentations qu'en propose Mossoux et Bonté sont frappantes.
