En compagnie de quatre danseurs, dont le danseur étoile Hugo Marchand, du violoncelliste Pierre Le Bourgeois et du choeur de hurleurs finlandais Mieskuoro Huutajat, Carolyn Carlson a investi la nef du musée d'Orsay pour un programme mêlant danse, improvisation, poésie et musique.

Quatre courtes pièces sont au programme de ce spectacle :  A Deal With Instinct, Sunlight Under Water, Poetry Events et le duo RAGE qui est créé le soir même. Encadrées par des interprétations de l'étonnant chœur de hurleurs finlandais Mieskuoro Huutajat (chef de choeur : Petri Sirviö) présent au début et à la fin du spectacle, les pièces s'enchaînent comme différentes parties d'un tout avec des transitions soignées. Habituée à se produire dans des musées, Carolyn Carlson a imaginé trois espaces entre l'allée centrale, la salle 7 et la passerelle au-dessus de la salle au sein de la magnifique nef du musée d'Orsay. Les podiums et la hauteur de la passerelle permettent une bonne visibilité d'où que l'on soit mais l'absence de siège engendre malheureusement inconfort et fatigue chez les spectateurs.

Revêtu d'une large jupe blanche et muni d'un bâton, le danseur Yutaka Natuka exécute un solo inspiré du tai-chi et du qi gong. A Deal With Instinct est une pièce méditative et envoutante. Si la première partie est composée de longues poses, presque sculpturales, la danse s'accélère ensuite, avec un travail de bras où l'influence des arts martiaux fusionne avec le style chorégraphique de Carolyn Carlson. Poetry Events mêle poésie, musique et danse. Carolyn Carlson et Juha Marsalo déclament des poèmes en anglais et en français écrits par la chorégraphe, accompagnés par le violoncelle de Pierre Le Bourgeois. Les interprètes improvisent dans une grande économie de moyens gestuels. On est parfois plus proche du théâtre expressionniste que de la danse. L'arrivée de Céline Maufroid qui s'élance sur la passerelle du musée donne un nouveau souffle à cette pièce dont on peine parfois à suivre le fil.

Sunlight Under Water, solo créé pour le danseur étoile Hugo Marchand est un moment de grâce et de poésie. La chorégraphie au message écologique, s'inspire de la calligraphie et laisse place à l'imaginaire et à l'invisible. Très engagé dans son interprétation, le danseur déploie une danse ample où chaque geste fait sens. La représentation se clôt avec RAGE. Cette création, qui a pour sujet la rage face aux catastrophes du monde mais aussi la rage de vivre et aimer, met en scène le duo composé de Juha Marsallo et Sara Orselli, accompagnés par les Mieskuoro Huutajat. Chaque mouvement des danseurs suit la rythmique de la déclamation où le mot « rage » se fait entendre à plusieurs reprises, jusqu'au cri final. Ce très beau duo clôt ce spectacle parfois bavard mais à la beauté indéniable.

Crédits photographiques : © Musée d'Orsay

Lire aussi :

Carolyn Carlson offre un événement poétique au public de l'Orangerie