La Fantastique au Musée Hector-Berlioz : dites 300 !
Jusqu'au 31 décembre 2025 à La Côte Saint-André, le Musée Hector Berlioz propose comme chaque année une exposition dans la maison natale du compositeur : « Vinyles Vinyles une symphonie fantastique ».

L'exposition présente environ 300 pochettes de disques, soit un bon tiers de la collection privée d'un mélomane américain dont les quelques 900 disques consacrés à l'œuvre la plus célèbre du compositeur français ont été acquis par le Musée Hector-Berlioz en 2021.
Qualifiée par un critique de son temps comme « une des manifestations musicales les plus étonnantes » de son siècle, la Symphonie fantastique connut son premier enregistrement intégral en 1924, l'interprétation de l'Orchestre Pasdeloup dirigé par Rhené-Baton sonnant le coup d'envoi de l'infiltration de toutes les discothèques débutantes par cette œuvre « s'adressant plutôt aux sensations qu'aux sentiments ».
Diffusé en boucle entre un phonographe à monnayeur et un combiné radio/électrophone, un petit dessin animé d'Eugène Boitsov Gordon sert de fond sonore à une remontée dans le temps des plaisirs discographiques : reprenant le personnage de Monsieur Onde, le génie de la Philharmonie de Paris, narre en 3 minutes 30 chrono le programme de la symphonie. Un temps où les pochettes de disques rivalisaient d'invention (les tableaux de maîtres le disputant aux trouvailles graphiques) pour attirer l'œil du chaland. Celles de la Fantastique se sont toutes donné rendez-vous dans la maison natale du compositeur. L'auteur de ces lignes y a retrouvé intacts ses premiers émois berlioziens devant la version de Louis de Froment dirigeant le Grand Orchestre de Radio Luxembourg, lovée entre d'autres qui l'avait fait sombrer dans l'oubli : une vitrine complète est par exemple dédiée à huit pochettes différentes de la première version de Colin Davis chez Philips avec le London Symphony Orchestra ; on rappelle aussi que Munch l'enregistra six fois entre 1947 et 1967 ! Philips, Decca, CBS, Erato…. les grands labels, qui n'avaient pas encore fusionné, sont tous là, mais aussi les plus petits depuis longtemps disparus : Fontana, Mercury, Telarc, Vox, Angel, Capitol, Victrola, Heliodor, Seraphim…

Dans la dernière des trois salles de cette exposition ciselée avec les talents technologiques des élèves du Lycée Hector-Berlioz de La Côte, on peut jouer à suivre, sur une console, la totalité des apparitions du plus fameux leitmotiv français, la fameuse Idée fixe, dans une très pédagogique écoute illustrée.
Paradoxalement dans l'air du temps, cette petite vitrine berliozienne ressuscite celles des disquaires, qui jadis balisaient les rues des villes du monde entier. Un temps révolu, même si çà et là labels regravant des 33 tours et marchands de vinyles d'occasion tentent de faire encore le bonheur des jeunes mélomanes comme de ceux qui regrettent l'époque glorieuse du disque.
Crédits photographiques : photo 1 et 2 © Musée Hector Berlioz – Département de l'Isère ; photo 3 © ResMusica
Une réédition récente d'une Fantastique de 1978 que les Berlioziens ne saurait ignorer :
Le coffret de l'intégrale Berlioz chez Warner avec la version historique de Rhené-Baton :









