Le Ring en théâtre de marionnettes avec François Salès
Le petit théâtre de marionnettes ne doit pas tromper le spectateur : même s'ils sont les bienvenus, nous sommes loin du spectacle d'enfants avec cette proposition de François Salès, Wagner, Wotan, François et les autres.
Deux petites tables, un petit théâtre, quatre personnages en carton, quelques accessoires minimalistes (une canette de coca et de la vaisselle sortie du buffet de mamie) et un rideau noir suffisent ici pour retracer en 1h15 la tétralogie du Ring. Cela peut paraître un peu court face aux 16 heures de musique et 150 musiciens nécessaires à l'œuvre originale. Et pourtant, la verve et l'esprit éclairé de l'acteur-musicien renversent tout ce que l'on aurait pu imaginer.
Le préambule de ce spectacle est d'une efficacité fracassante ! Sans autre cérémonie, François Salès, musicien de l'Ensemble Orchestral Contemporain et acteur accompli (preuve en est avec ce spectacle), semble nous lire le dernier tract d'un syndicat des professionnels de la culture pour défendre la nécessité de l'art qui ne doit surtout pas être abordé selon une approche marchande. Étonnement immédiat de la salle lorsque les spectateurs découvrent le véritable auteur de cette missive : Richard Wagner en personne ! Excellente entrée en matière pour démontrer la modernité de la pensée et de l'œuvre d'un compositeur décédé il y a plus de 140 ans. En évoquant la trilogie du Seigneur des anneaux pour faire vivre cette légende de l'anneau magique, en se référant à Woody Allen qui « quand [il] écoute trop Wagner, a envie d'envahir la Pologne », en relayant l'influence du Maître de Bayreuth dans l'œuvre cinématographique Star Wars pour expliquer la technique musicale des leitmotivs, François Salès continue dans la même veine en rendant son propos ludique, et totalement connecté à notre monde d'aujourd'hui.
Muni d'un simple sampler, et de son cor anglais pour le prélude de Tristan et Isolde, François Salès place la musique au centre du discours. Il la décrypte, s'en amuse, la fait vibrer par une passion communicative et un investissement scénique qui ne peut qu'embarquer le spectateur, jouant aussi sur des anecdotes personnelles simples et émouvantes, pour inciter ceux qui ne l'ont pas déjà fait, à franchir les portes d'un Opéra.
Et pour les réfractaires à la pensée wagnérienne, François Salès relaie toujours avec beaucoup d'humour, et une prise de distance parfaitement juste, les zones d'ombre de ce géant de la musique. Piquant, sensible, riche en informations sans perdre un instant le plus novice d'entre nous, le spectacle Wagner, Wotan, François et les autres est incontournable.









