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Daniel Lozakovich devant l’Orchestre de Paris dans le Concerto n°1 de Bruch

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Paris. Philharmonie de Paris ; Grande Salle Pierre Boulez. 11-XII-2025. Ellen Reid (née en 1983) : Body Cosmic ; CF. Max Bruch (1838-1920) : Concerto pour violon nᵒ 1 en sol mineur op. 26. Daniel Lozakovich, violon. César Franck (1822-1890) : Symphonie en ré mineur FWV 48. Orchestre de Paris, direction musicale : Klaus Mäkelä.

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Remplaçant de Janine Jansen, interprète le Concerto n°1 de devant un jouant trop fort pour l'accompagner dans les mouvements extrêmes, puis suiveur des intentions de dans la création française Body Cosmic d' et la Symphonie en ré de .

À 29 ans, montre déjà une carrière insolente en ayant déjà l'une des directions d'orchestre les plus assurées actuellement, comme on a pu l'entendre même face aux plus grandes formations, dont le Concertgebouw d'Amsterdam, les Wiener ou les Berliner Philharmoniker. Mais en montant aussi vite, il devra aussi faire attention à garder les pieds sur terre, ce dont on peut commencer à douter lorsqu'on voit les postures maintenant prises dès l'entrée en scène, et surtout sur le podium de la Philharmonie de Paris, devant la formation qu'il quitte à la fin de cette saison.

Pour diriger une création française comme Body Cosmic d', le chef finlandais est évidemment très à l'aise, tant le matériau autour d'une « méditation sur le corps humain dans la création de la vie et l'accouchement » tourne autour de quelques cellules musicales reprises en boucle. Avec des influences qui n'hésitent pas à tirer leurs racines de la musique américaine du siècle passé, on pense parfois à Copland, puis dans la fin gentiment cacophonique de la première partie, à Ives. Ensuite, semble aussi lorgner vers les sonorités des compositeurs d'Europe du Nord, par exemple par l'insertion d'un solo de violon doucereusement strident (magnifique prestation du premier violon invité Afanasy Chupin) pour ouvrir la seconde petite partie, où la musique redevient ensuite plate, jusqu'à une coda plus lumineuse.

Quant à , s'il fait de grands gestes et se plie parfois en deux pour appuyer les sensations, il devra toutefois faire attention entre les avions de Chicago vers Amsterdam, de bien prendre encore le temps d'analyser les grandes partitions du répertoire, s'il ne veut pas tomber dans les travers entendus lors de ce programme dans le Concerto n°1 de . Certes, le Concerto de Brahms était d'abord prévu, avec Janine Jansen qu'il connait pour avoir notamment dirigé son album Sibelius et Prokofiev en 2024 et en concert régulièrement. Mais cela n'excuse pas un pianissimo quasi inaudible des timbales introductives, pour ensuite jouer tout l'Allegro moderato très fort, sans lui procurer une dynamique qui aurait permis à de sortir de son jeu méditatif dans ce premier mouvement. Au moins, cette approche du violoniste suédois fonctionne dans l'Adagio, où l'archet magnifie son splendide Stradivarius « ex-Sancy » 1713 par de grandes phrases contemplatives. Sans prendre de couleurs au Finale, dont la partie a pourtant été revue par Joachim à la demande de Bruch, le violoniste y reste trop autonome, accompagné d'une manière trop peu énergique, bien que souvent trop forte par l'. En bis, le jeune homme ne prend aucun risque en reprenant la Sarabande de la Partita n°2 de Bach, qu'il a enregistré dès 2018, mais à laquelle il ajoute aussi à présent un esprit très méditatif, d'une lenteur très marquée.

Avec la Symphonie en ré de , on retombe dès l'introduction du Lento dans les travers évoqués. Sans la moindre spontanéité, Klaus Mäkelä entre dans cette œuvre enregistrée par l' avec Karajan, Barenboim ou Bychkov en cherchant tout de suite à exagérer la grosseur de ses cordes dans le thème emprunté par le compositeur à Wagner (Der Ring). Puis il accentue les vibratos auquel il impose une forme de maniérisme, avant d'imposer de nombreux éclairages aux bois, puis aux cuivres, sans proposer vraiment de vision d'ensemble, ni offrir un son particulier à cette symphonie française, qui reste au contraire celui que le chef utilise depuis plusieurs années dans la plupart des répertoires symphoniques qu'il interprète.

Sans se servir non plus de l'écriture cyclique de Franck pour la mettre en valeur, Klaus Mäkelä montre en revanche quelle machine il a façonné en quatre ans à Paris, tant l'Orchestre se montre maintenant à l'aise quand il s'agit d'être compact ou de créer un grand souffle. On passera en revanche sur les pizzicati là encore trop surfaits de l'Allegretto, comme sur la harpe bien trop mise en avant dans ses solos, ou encore sur la manière dont le chef retient son ensemble pour appuyer les contrastes dans l'Allegro non troppo (on pense ici à Barenboim). On finira toutefois avec une note positive, en évoquant le merveilleux solo de cor anglais procuré par le soliste Gildas Prado.

Crédits photographiques : © William Beaucardet

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Paris. Philharmonie de Paris ; Grande Salle Pierre Boulez. 11-XII-2025. Ellen Reid (née en 1983) : Body Cosmic ; CF. Max Bruch (1838-1920) : Concerto pour violon nᵒ 1 en sol mineur op. 26. Daniel Lozakovich, violon. César Franck (1822-1890) : Symphonie en ré mineur FWV 48. Orchestre de Paris, direction musicale : Klaus Mäkelä.

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