Spectaculaire ouverture des Nuits de Fourvière avec The Pulse
Venue d'Australie, la Compagnie de circassiens Gravity and other myths enchante l'ouverture des Nuits de Fourvière avec The Pulse, un spectacle défiant les lois de la gravité.

The Pulse, le spectacle époustouflant de Gravity and other myths ouvre les Nuits de Fourvière. Invitée pour la première fois en France, la compagnie australienne a créé ce spectacle avec le Choeur Aurora le 25 février 2021, à Adelaide, en Australie, après la pandémie, durant laquelle ils élaborèrent ce cœur battant qu'est The Pulse. C'est le fruit d'une réflexion confinée sur la nécessité de l'autre en chair et en os pour créer, aimer et respirer.
Il en va dans cet opus de confiante solidarité entre des acrobates qui se hissent les uns sur les autres et se marchent dessus sans heurts, tombent et se relèvent comme sur ressort, et des chanteuses magnifiques. Gravity and other myths est une compagnie de circassiens autant que de danseurs contemporains. Ils se propulsent dans l'air, suspendus, virevoltant comme en apesanteur. Vingt-quatre dieux et déesses du stade de blanc vêtus mêlent leurs pulsations aux vibrations des voix des trente choristes en noirs, s'élevant vers le ciel, sur une composition d'Ekrem Eli Phoenix, qui joue avec les chants sacrés, « Magnificat anima mea dominum », et les phrasés électroniques, passionné d'ethnomusicologie.
The Pulse est un tissage savant de pulsations du cœur, de vibrations naturelles de toutes leurs voix ; seules les choristes ont des micros, elles interagissent avec les acrobates en commentant leurs exploits ironiquement ou pas et en les encourageant, leur montrant des techniques de chanteur pour reprendre leur souffle. S'en suit un défilé de pyramides, main à main, jetés, flipflaps et autres pirouettes, en une joyeuse rencontre d'artistes.

Des cordes vocales, des corps souples, plus ou moins lourds (la carrure déterminant la place dans les pyramides, pilier antique ou princesse des nuées) s'allient en différentes envolées lyriques, allant du grave au léger, de l'allégresse au chaos, de l'hilarant au sérieux. S'échappent quelques phrases en français, des soupirs et des rires, tandis que des notes enflammées fusent dans le silence. Le public médusé des 3000 spectateurs de Fourvière est aux anges. On entend des « Oh my God » quand les plus aériennes feignent de tomber de 15 mètres… en tombant sans heurt, rattrapées par leurs vaillants piliers ou chevaliers servants.
Pari gagné pour les nouveaux directeurs inspirés des Nuits de Fourvière, Emmanuelle Durand et Vincent Anglade. The Pulse est un poème polyphonique aérien, défiant les lois de la pesanteur. Les circassiens forment des pyramides de plus en plus hautes et périlleuses, des cordes sont tendues frénétiquement en une course dans les allées abruptes des gradins du Grand théâtre romain. « L'homme parfait monte sur le vent et les nuées, il chevauche le soleil et la lune, il se promène hors de l'Univers » murmure un poème de Tchouang-Tseu. Aussi nous ressentons, au moment où cette double horde d'acrobates et de choristes (dont une puissante soliste) souriante salue, aussi fraîche qu'au crépuscule, un élan de bonté et de gratitude pour ces artistes de grande envergure aux précis sauts périlleux en altitude. Les coussins volètent dans l'air vers les dieux et déesses de Gravity and other myths et les choristes, en hommage à ce spectacle envoûtant et à raison multirécompensé, qui élève et suscite la clameur d'une ovation unanime.








