A Montpellier, Mario Brunello transcende au violoncelle Bach et Weinberg
Mario Brunello, muni de son violoncelle historique Maggini, a captivé un public concentré et conquis au Corum de Montpellier avec deux Suites de Bach et une étonnante Sonate de Weinberg dans une confrontation des plus intéressantes.

Mario Brunello nous parle : « Ne laissons pas notre esprit livré à la rouille »… Le décor est ainsi planté, oui, pour exciter notre curiosité à la fois sur des œuvres très connues encadrant une autre, quasiment inédite. On pourra remarquer d'entrée dès la Suite n° 4 de Bach le montage du violoncelle historique en cordes métalliques et muni d'une pique. L'archet lui, est de type baroque, bien reconnaissable par sa forme particulière et sa légèreté qui se transmet avec raffinement aux cordes de l'instrument. Cette quatrième Suite, de nombre pair se caractérise comme la deuxième ou la sixième par un penchant féminin, de grâce et de charme. C'est bien cela que nous offre Mario Brunello avec un jeu délicat mezzo-forte, volubile et suivant les inflexions harmoniques très audacieuses du Prélude, dans la tonalité de mi bémol majeur. Le violoncelliste Paul Tortelier parlait à propos de ce premier mouvement de discours presque oriental, égyptien disait-il !
L'interprète trouve un équilibre remarquable entre violoncelle ancien, cordes modernes, pique et archet baroque. Cela remet à plat certains débats où finalement seul compte le résultat, porté ici par une connaissance approfondie du style baroque et des gestes qui conviennent pour exprimer toutes les subtilités du discours musical de Bach. Mario Brunello n'hésite pas à marquer le côté campagnard et paysan dans les danses les plus pittoresques, s'éloignant de tout sentimentalisme.
Entre les Suites de Bach, le violoncelliste intercale la Sonate n° 4 de Mieczysław Weinberg. Le compositeur né en 1919, polonais naturalisé soviétique puis russe, fit sa carrière musicale à Moscou et fut l'ami de Dimitri Chostakovitch qui l'inspira dans nombreuses de ses compositions, de même que Béla Bartók chez qui il reprit certains accents folkloriques. Le climat de la Sonate n° 4 comme le décrit l'interprète est théâtral, soulignant de façon autonome la personnalité d'un personnage hypothétique. Pour cette œuvre, l'interprète utilise un archet moderne, plus lourd et développant des sonorités plus soutenues.
Pour terminer le concert, la Suite en ut mineur n° 5 de Bach révèle un côté plus masculin et ce dès le premier do grave, abyssal, qui introduit avec force une Ouverture à la française avec son grave introductif et la fugue qui s'en suit. Les différentes danses apportent chacune son climat, tels une succession de microcosmes. On s'attarde sur la Sarabande, unique chez Bach pour son intemporalité et son atmosphère éthérée. Les Gavottes 1 et 2 ainsi que la Gigue concluent une nouvelle fois dans une ambiance campagnarde, que les rythmes incantatoires viennent souligner remarquablement.
Mario Brunello, chaleureusement et longuement applaudi offre au public deux bis : une évocation du Concerto n° 1 pour violoncelle de Dimitri Chostakovitch et une mélodie orientale jouée sur la corde grave du violoncelle mais dans son registre le plus aigu… Une sonorité envoutante et émouvante rappelant quelque ambiance d'un désert lointain et d'une flûte entendue au loin.
Crédit photographique : © Outhere Music
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Où peut-on retrouver cette merveilleuse mélodie Orientale que Mario Brunello nous a offert en deuxième bis le 17 juillet 2025 au Corum de Montpellier, salle Pasteur et qui m’a laissé en larmes , comme beaucoup d’auditeurs ?
Quel était donc cette merveilleuse mélodie orientale que vous évoquez en fin du concert de Mario Brunello ???