Ad Libitum : quand la danse et la musique fusionnent leurs énergies
Dans l'amphithéâtre de l'Opéra Bastille, Simon Le Borgne, ancien danseur du Ballet de l'Opéra de Paris, et Ulysse Zangs, musicien, compositeur et danseur, mêlent danse et batterie dans Ad Libitum, une pièce radicale à l'énergie rock, où circulent les énergies.
Ad libitum signifie littéralement « jusqu'à ce que (je) sois pleinement satisfait », ou mieux, « à volonté » autrement dit « à satiété ». En musique l'expression est utilisée pour signifier à l'interprète qu'il peut répéter à volonté un passage de l'œuvre ou qu'un passage peut être joué avec une certaine liberté de rythme. Place donc à une chorégraphie pleine de liberté créative et réjouissante à plus d'un titre.
La scène s'ouvre sur le souffle d'un des deux musiciens danseurs, chacun virtuose à sa manière. Ce souffle envahit l'espace et procure un sentiment de plénitude et de sérénité : le rythme du souffle nous fait entrer en résonance telle la cohérence cardiaque. Les corps s'animent au rythme des sons. En contorsions souples et fluides, au sol puis debout. Les postures se font sculptures jusque dans le drapé du tee-shirt enveloppant le dos de Simon Le Borgne dans des plis savamment ajustés, les jambes parfaitement tendues, les bras jusqu'aux mains gracilement étirés.
Les mouvements se font ensuite plus rapides, la danse se déstructure entre arabesque, tours et grands jetés. Le chorégraphe cherche-t-il à s'échapper et se libérer du carcan technique grâce à la musique qui le porte ? La synchronisation entre le son et le corps arrive à son apogée lorsque le souffle du danseur provoque le mouvement qui, à son tour, génère la musique. Ses bras répondent aux mouvements des baguettes du batteur et le spectateur finit par véritablement entendre le bruit du mouvement.

La fusion entre le son et le mouvement atteint un nouveau paroxysme lorsque le danseur s'installe avec le public puis circule au milieu de lui, l'entraînant dans un désir de transmettre l'énergie. Après le rock déchainé, une légère mélodie classique apaise finalement les tensions. Le danseur s'approche à petits pas du musicien pour enfin l'enlacer. De 2 (murmurés au micro) ils ne forment plus qu'un, où musique et mouvements entre en fusion.
Simon Le Borgne et Ulysse Zangs ont définitivement quelque chose à nous dire, et avec cette pièce, qui a nourri son public à satiété, encore beaucoup plus à nous souffler à l'oreille.









