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Francesco Tristano Schlimé, sous le signe du Raffinement et de la Passion

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Luxembourg. Philharmonie, 04-X-2007. Maurice Ravel (1875-1937) : Alborada del gracioso, Concerto pour piano et orchestre en sol majeur. Hector Berlioz (1803-1869) : Symphonie fantastique. Episodes de la vie d’un artiste op. 14. Francesco Tristano Schlimé : piano ; Orchestre Philharmonique du Luxembourg, direction : Emmanuel Krivine.

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revenait ce soir à Luxembourg pour nous interpréter cette fois, un répertoire classique et nous montrer qu'il maîtrise toutes les musiques avec le même talent exceptionnel.

Tel un félin noir et distingué, il entre souplement en scène. Un regard lancé à l'orchestre, un sourire au chef d'orchestre, il est prêt. Ses mains se lèvent, ses longs doigts de velours entrent en contact avec le piano et il emporte la salle dans son monde de légèreté, de finesse et de raffinement. C'est une poésie musicale, un tableau impressionniste fait de couleurs sonores et de touches musicales.

Le premier mouvement « allegramente », alternance de rythmes frappés et saccadés et de paisibles phrasés, fut interprété avec art et parfaitement géré. Le mouvement lent, adagio assai, nous a transportés dans un monde féerique… C'était une source de délicatesse et de grâce, scintillante de lumière et d'émotion, nous inondant jusqu'au frisson, pénétrant doucement au plus profond de nous-mêmes. Un moment magique. Un pur ravissement. Un vrai bonheur. Puis, brusquement, l'éclat du début du dernier mouvement nous a sortis de notre béatitude pour nous entraîner dans la vivacité d'une action finale ardente et habilement rythmée, flirtant à certains moments adroitement avec le jazz. Le jeune pianiste y était tout à fait à l'aise, s'amusant visiblement de ces jeux musicaux saccadés quelque peu moqueurs. Comme bis, il était évident qu'après Ravel, il nous proposât Debussy ! « Minstrels », 12ème Prélude du 1er livre où il continua à nous enchanter dans ce répertoire impressionniste et confirma sa grande virtuosité. On aurait même encore volontiers écouté une de ses improvisations dont il a le secret sur un thème de Ravel.

, prince du piano, est une de ces perles rares aux qualités admirables, qui fascine et impressionne à jamais. Une valeur sûre.

En début de soirée, nous avait proposé un Alborada del gracioso tout à fait espagnol, ardent et dansant. Ce chef d'orchestre enthousiaste et particulièrement démonstratif dirige, dessinant des arabesques splendides avec sa baguette, sautant, dansant, rythmant une marche militaire, signalant d'un doigt sur les lèvres le murmure d'un instrument ou d'un stop de la main son silence, regardant le public et s'adressant à lui. On aurait apprécié entendre également cette pièce de Ravel dans sa version pour piano, et pouvoir comparer les deux versions, chose qui n'est guère proposée dans les salles de musique classique.

Léonard Bernstein disait de la Symphonie Fantastique aux sons inquiétants qu'elle était la première symphonie « psychédélique » de l'histoire. a écrit cette œuvre comme un récit biographique. Il était tombé éperdument amoureux d'une jeune actrice. Echouant dans son entreprise de séduction et hanté par elle, il décida de la conquérir avec cette symphonie dont la mélodie représentait la jeune fille comme une obsession dans une succession de thèmes (Rêveries-Passions, un Bal, Scènes aux champs, Marche au supplice, Songe d'une nuit de Sabbat) décrivant la passion éperdue du compositeur pour celle qui ne répondait pas à ses avances. Heinrich Heine a décrit Berlioz jouant sa symphonie : « Berlioz, à la chevelure ébouriffée, jouait les timbales en regardant l'actrice d'un visage obsédé et chaque fois que leurs yeux se rencontraient, il frappait encore d'une plus grande vigueur ».

Ce soir, dirigea son excellent orchestre au grand complet, d'une main de maître, transmettant avec beaucoup de sensibilité et de couleurs, la passion folle et obsédante, l'angoisse et la souffrance d'un homme malade d'amour pour une femme indifférente. Ce fut une soirée passionnante, riche en émotions et en sentiments, une soirée que l'on quitte le cœur comblé.

Crédit photographique : © Stefan De Lay

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Luxembourg. Philharmonie, 04-X-2007. Maurice Ravel (1875-1937) : Alborada del gracioso, Concerto pour piano et orchestre en sol majeur. Hector Berlioz (1803-1869) : Symphonie fantastique. Episodes de la vie d’un artiste op. 14. Francesco Tristano Schlimé : piano ; Orchestre Philharmonique du Luxembourg, direction : Emmanuel Krivine.

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