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Stephan Genz & Michel Dalberto : une schubertiade peu enthousiasmante

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Lyon. Salle Molière 19-X-07. Franz Schubert : Sonate en do majeur D840 “Reliquie” ; Winterreise, D911. Michel Dalberto, piano. Stephan Genz, baryton.

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Piano à Lyon

Pour l'entame de sa troisième saison, Piano à Lyon invitait vendredi soir dans l'intimité de la Salle Molière le pianiste et le baryton pour un concert 100% Schubert. Lancé il y a trois ans par son directeur artistique Jérôme Chabannes, les deux premières saisons de récitals ont connu un vif succès auprès des mélomanes de la région, avec des soirées prestigieuses illuminées par quelques uns des plus grands talents du moment, citons au hasard Alexandre Tharaud, Anne Gastinel, Nicolas Angelich, Lise de la Salle…

Au programme du concert de ce soir, le Voyage d'hiver et la sonate D840 dite « Reliquie », dont Schubert n'a achevé que les deux premiers mouvements, à l'instar de la fameuse Symphonie Inachevée. Rarement entendu, ce joyau composé en 1825 est à juste titre une des plus belles reliques de Schubert, un des plus beaux fragments de son âme musicale, cristallisée pour l'éternité. Encore faut-il le bon interprète qui puisse nous inviter à une telle contemplation. Et désolés nous sommes, de ne pas complètement le trouver avec , malgré des qualités de pianiste indéniables et une immense réputation qui fait de lui l'unique artiste vivant à avoir enregistré l'intégrale de la musique pour piano de Schubert. D'un air décidé et conquérant, Dalberto joue Schubert d'une manière déroutante, le suivant de loin dans son voyage intérieur au lieu d'être son accompagnateur privilégié. La magie de Schubert n'a d'effet que si l'interprète use d'empathie et qu'il communique cette empathie à son auditoire. Le temps schubertien n'a rien de pressant, n'a rien de « temporel » dans le sens d'une fuite en avant irréversible ; c'est au contraire une durée éternelle constitué d'instants figés, le temps de l'errance contemplative… Or nous vole ces instants métaphysiques, ne prenant pas lui-même le temps de savourer la substance magique qu'il tient entre les doigts. Son jeu est certes puissant, stoïque, sa technique brillante, mais sa vision de Schubert, distante, froide et objective, ne rend pas selon nous justice au « Petit champignon », au caractère introverti de sa musique, une musique dont il ne suffit pas d'aligner les notes dans un souci purement musical, mais une musique qu'il faut éprouver soi-même, dans un souci sans doute plus psychologique…

On espérait retrouver un Schubert plus intime dans le Voyage d'Hiver avec l'entrée en scène du baryton . Ce n'était hélas guère plus satisfaisant. Michel Dalberto poursuivait sa même logique d'interprétation, avec des tempi trahissant l'émotion, une mise à distance inappropriée, dès les premières notes du Gute Nacht. Obligé de suivre le rythme, redonnait toutefois à Schubert une certaine expressivité, une couleur plus intimiste à cette musique bouleversante. Son interprétation des lieder fut dans l'ensemble plutôt bonne, prodigieuse dans les chants les plus difficiles, malgré une voix de tête un peu frêle à certains moments et une justesse parfois approximative.

Il y eut heureusement des bribes d'émotion dans ce concert, mais on ne peut pas franchement dire des artistes qu'ils se sont sublimés ni que le public ait été transporté. Le voyageur hivernal nous a paru plus étranger que jamais, et Schubert, presque absent de ce voyage.

Pour plus d'informations sur la saison de « Piano à Lyon » consulter : http : //www. pianoalyon. com

Crédit photographique : ©Piano à Lyon

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Lyon. Salle Molière 19-X-07. Franz Schubert : Sonate en do majeur D840 “Reliquie” ; Winterreise, D911. Michel Dalberto, piano. Stephan Genz, baryton.

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