Éditos

La région PACA a mal à l’orchestre

 
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Edito

Décidément, en région Provence-Alpes Côte d’Azur, on n’aime pas ses orchestres. Après les tribulations de l’Orchestre Lyrique Régional d’Avignon-Provence, voici que les formations de Cannes et Nice vont fusionner, pardon «se mutualiser». Le Sud-Est, si riche en formations musicales (4 opéras, 5 orchestres) semble depuis quelques années vouloir se débarrasser de ses infrastructures. La région des festivals estivaux a-t-elle oublié qu’elle avait aussi une vie de septembre à mai ?

Nous avons ici relaté longuement les ennuis avignonnais, que ce soit l’orchestre en 2008 ou l’Opéra-Théâtre en 2007 (lire l’entretien avec Raymond Duffaut). Malheureusement, Avignon n’est pas la seule ville concernée… Tout d’abord le Choeur Régional PACA, choeur symphonique amateur de haut niveau, le seul de toute la région, dirigé par Michel Piquemal, voit son avenir compromis. Soutenu directement par le Conseil régional, il a été transformé en association 1901, premier pas vers une probable dissolution… Dernièrement les subventions ont été revues à la baisse. L’avenir est incertain.

Mais le dernier coup de théâtre vient de la Côte d’Azur. Autant les mesures prises en Avignon avaient le mérite de la franchise : la ville est endettée, il faut faire des sacrifices, et on attaque toujours la culture en premier. Près de la frontière italienne, le discours est plus hypocrite : on parle de «mutualisation» de l’Orchestre Philharmonique de Nice (OPN) et de l’Orchestre Régional de Cannes-PACA (ORC-PACA) pour éviter le terme de « fusion ». Les deux formations n’ont pourtant rien en commun… l’ORC-PACA concentre ses activités sur les concerts d’abonnement à Cannes, des activités pédagogiques d’envergure et sur un rayonnement en région, du Rhône aux Alpes. L’OPN se partage entre l’activité lyrique de l’Opéra de Nice et une saison symphonique, doublée de politiques pédagogiques locales, de créations contemporaines (ensemble «Apostrophe», festivals Manca et Les Musiques) et d’enregistrements discographiques. Il n’y a donc pas de points communs entre une structure légère (47 musiciens) destinée à une continuité territoriale culturelle et une structure lourde (98 musiciens) qui contribue au rayonnement culturel international de la Côte d’Azur. Les politiques en ont décidé autrement…

Qu’importe si Marco Guidarini, chef de stature internationale (Cyrano de Bergerac d’Alfano par les frères Alagna, Le convenienze ed inconvenienze teatrali de Donizetti à la Scala de Milan puis en tournée au Danemark, Carmen et Aida au Stade de France, ouverture du Nouvel Opéra d’Oslo, Chorégies d’Orange, Festival de Radio-France et Montpellier, …), n’ait pas vu son projet pour l’orchestre pris au sérieux. Il avait été prévu une «double direction musicale», partagée avec Philippe Bender (directeur musical de l’ORC-PACA depuis sa création). Refus bien sur de Marco Guidarini, Bender se retrouvant à la tête de ces orchestres «mutualisés».

Au-delà de toute critique sur les mérites et défauts de tel ou tel chef d’orchestre, c’est la politique publique culturelle sur la Côte d’Azur qui pose problème. La cinquième ville de France ne mérite pas un orchestre symphonique à sa mesure ? L’agglomération urbaine de la Côte d’Azur, de Théoule à la frontière italienne, qui regroupe 1 200 000 habitants sur 80km de littoral, ne mérite pas deux orchestres ? Il reste bien sur l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, mais Monaco, ce n’est pas la France…

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