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Avec Requiem(s), Angelin Preljocaj transcende la mort

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Paris, Grande Halle de La Villette – Chaillot, Théâtre national de la danse. 23-V-24. Ballet Preljocaj : Requiem(s). Chorégraphie : Angelin Preljocaj. Musiques : G. Ligeti, W.A. Mozart, System of a Down, J-S. Bach, H. Guðnadóttir, G. Deleuze, Chants médiévaux (anonymes), O. Messiaen, G.F Haas, J. Jóhannsson, 79D.
Lumières : Éric Soyer. Costumes : Eleonora Peronetti. Scénographie : Adrien Chalgard
Vidéo : Nicolas Clauss. Assistant, adjoint à la direction artistique : Youri Aharon Van den Bosch. Assistante répétitrice : Cécile Médour. Choréologue : Dany Lévêque
Avec Lucile Boulay, Elliot Bussinet, Araceli Caro Regalon, Leonardo Cremaschi, Lucia Deville, Isabel García López, Mar Gómez Ballester, Paul-David Gonto, Béatrice La Fata, Tommaso Marchignoli, Théa Martin, Víctor Martínez Cáliz, Ygraine Miller-Zahnke, Max Pelillo, Agathe Peluso, Romain Renaud, Mireia Reyes Valenciano, Redi Shtylla, Micol Taiana

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Comment laisser partir ceux qui nous sont chers ? Dans Requiem(s), sa dernière création présentée à La Villette, montre que les vivants peuvent lâcher le fil qui les retient aux morts.

De la crucifixion à la déposition, les images inspirées de l'iconographie religieuse sont nombreuses dans ce ballet inspiré à par des évènements vécus en 2023. Dépassant la douleur personnelle ( a perdu ses deux parents et un ami cher en 2023), le chorégraphe puise dans son propre répertoire pour construire un corpus chorégraphique autour de la mort : le duo final de Roméo et Juliette, le sommeil profond de Blanche-Neige, le duo L'Annonciation, et explore encore de nouvelles figures du deuil dans une inventivité permanente.

Angelin Preljocaj a étudié toutes les formes de danses macabres pour décliner chorégraphiquement les différentes figures du trépas, de l'élue au supplicié, sans oublier les passeurs de mort, ceux qui fauchent ou font traverser le Styx, vêtus de costumes symboliques. A partir de morts individuelles – une peine partagée par beaucoup, le chorégraphe rend son propos encore plus universel en invoquant les morts collectives. Il évoque par exemple très sobrement la Shoah, à travers les propos de Gilles Deleuze dans son Abécédaire, parlant de Primo Levi témoignant de la honte d'être un homme.

L'alternance de musique classique, Mozart, Bach, Ligeti et de rock, voire de hard rock (le célèbre Angels deserve to die de System of a Down), teinte d'une dynamique certaine ce spectacle somme toute assez doux et apaisé. Au-delà de la beauté de certaines séquences, tout particulièrement les duos et les unissons ou parties en canon, ce qui frappe, c'est l'extrême qualité de la danse et de l'interprétation des fabuleux danseurs et danseuses du . Il y a notamment un très beau moment sur une Cantate de Bach où l'écriture si précise, articulée et particulière de Preljocaj se déploie dans un corps de ballet somptueux. Mais aussi un ballet envoûtant sur un chœur d'enfants où l'on retrouve l'énergie de Noces.

Ce n'est qu'à la fin de la pièce qu'une ambition scénographique, presque opératique, se déploie dans la mise en scène. Les personnages évoluent avec majesté dans ce qui s'apparente à un royaume des morts, avec des costumes plus sophistiqués, sans jamais perdre l'exigence chorégraphique. Avant que le rideau ne se baisse, les mannequins blanc accrochés sur une grille au fond de la scène rappellent les poupées de Noces, bouclant ainsi un cycle familial de vie et de mort.

Crédits photographiques : © Didier Philispart

Lire aussi notre entretien avec Angelin Preljocaj :

Au cœur du répertoire vivant d'Angelin Preljocaj

 

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Paris, Grande Halle de La Villette – Chaillot, Théâtre national de la danse. 23-V-24. Ballet Preljocaj : Requiem(s). Chorégraphie : Angelin Preljocaj. Musiques : G. Ligeti, W.A. Mozart, System of a Down, J-S. Bach, H. Guðnadóttir, G. Deleuze, Chants médiévaux (anonymes), O. Messiaen, G.F Haas, J. Jóhannsson, 79D.
Lumières : Éric Soyer. Costumes : Eleonora Peronetti. Scénographie : Adrien Chalgard
Vidéo : Nicolas Clauss. Assistant, adjoint à la direction artistique : Youri Aharon Van den Bosch. Assistante répétitrice : Cécile Médour. Choréologue : Dany Lévêque
Avec Lucile Boulay, Elliot Bussinet, Araceli Caro Regalon, Leonardo Cremaschi, Lucia Deville, Isabel García López, Mar Gómez Ballester, Paul-David Gonto, Béatrice La Fata, Tommaso Marchignoli, Théa Martin, Víctor Martínez Cáliz, Ygraine Miller-Zahnke, Max Pelillo, Agathe Peluso, Romain Renaud, Mireia Reyes Valenciano, Redi Shtylla, Micol Taiana

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