Éditos

Achetez des chemises pour sauver les artistes-interprètes

 
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Edito

Le dernier coup de gueule de la CPGME (Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises, la petite sœur du MEDEF donc) est cette fois contre la musique. La SPRÉ (Société Pour la Rémunération Équitable, la société de répartition de droits des interprètes-producteurs quand les enregistrements sont diffusés à des fins non commerciales, tels les lieux publics ou les médias) a en effet décidé d’augmenter sa redevance. Celle-ci était calculée selon la redevance de droit d’auteurs due à la SACEM, à hauteur de 18%. Elle est passée à 35%, soit presque le double en 2010, et prévoit à terme une augmentation totale de 65% d’ici trois ans.

Il n’en fallait pas plus pour que le petit commerce monte au créneau. «Au-delà de la taxe reversée aux auteurs-compositeurs par la Sacem, les commerçants qui diffusent de la musique sont frappés également d’une taxe reversée aux artistes et producteurs» indique la CPGME via l’AFP. Comme d’autres découvrent l’eau chaude, la CPGME découvre qu’il existe des artistes-interprètes et des producteurs sans qui il n’y aurait pas de musique. Et qu’en plus il faut les rémunérer ! Salauds de saltimbanques, déjà qu’en 2003 avec leur grève ils ont mis à mal l’industrie touristique estivale, voilà qu’ils recommencent en demandant toujours plus de sous. Le spectacle vivant n’est pas en forme, le nombre d’intermittents déclarés est en chute libre, ne parlons pas des ventes de disques, et pourtant où que vous alliez, dans n’importe quel magasin, même dans les rues de centre-ville, des milliers de haut-parleurs débitent des heures durant de la musique – plus souvent de la soupe que du Stockhausen ceci dit. Et ceci a tout de même un prix. Dernier lieu de diffusion massive de la musique, il est fort logique que les sociétés de droits, pour subvenir aux besoins de leurs sociétaires, fassent monter les redevances.

Mais à combien se chiffre cette taxe ? Serait-ce un impôt de plus qui va tuer le petit commerce ? Les chiffres communiqués par la CPGME via l’AFP laissent pantois : «Un commerçant qui fait du prêt-à-porter seul à Lyon m’a dit être passé d’une redevance (pour la Sacem et la Spré) de 63 euros en 2009 à 157 euros cette année». Eh oui chers lecteurs, pour le prix de deux chemises vous aurez aidé ce commerçant de prêt-à-porter à payer sa redevance. Comme on peut voir, ce tarif, bien que plus que doublé, est absolument dérisoire. D’un autre côté, les barèmes n’avaient plus été recalculés depuis 1987, il était plus que temps pour les sociétés de répartition de droits de se réveiller.

Aussi chers lecteurs, la prochaine fois que vous entrerez dans un magasin ou un centre commercial, la prochaine fois que vous parcourrez un centre-ville médiéval, plutôt que de pester contre la «muzak» débitée au kilomètre, achetez compulsivement et dites vous bien que c’est pour le bien des musiciens. Sinon vos commerçants préférés ne pourront plus payer cette odieuse taxe pour saltimbanques, qui doit vu son montant honteusement élevé par année – au moins un chiffre en dessous de 0. 1% du chiffre d’affaire annuel – est un véritable couteau sous leurs gorges fragiles. Le Ministre de la culture Frédéric Mitterrand, touché au cœur par le concert de sanglots de la CPGME, a promis de se pencher sur le dossier. Et si le dossier passait plutôt entre les mains de l’autre Frédéric, Lefebvre, Secrétaire d’État chargé des petites et moyennes entreprises ? La solution au problème serait plus rapidement réglée.

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