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Beecham, Thomas Beecham, un nom à ne pas oublier !

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Sir Thomas Beecham – The Great Communicator. Ecrit, raconté (en anglais) et produit par Jon Tolansky. 1 coffret de 4 CD EMI Classics 9099 152. Extraits d’enregistrements entre 1916 et 1959. ADD/DDD [mono et stéréo]. Notice trilingue (anglais, allemand, français) bonnes. Durée : 05h13

 
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À l'occasion des 50 ans de la mort du chef d'orchestre , EMI, réédite, en coffrets, une belle sélection de son legs discographique. C'est l'occasion de se replonger dans l'art d'un chef unique au style clair, précis et dont le charisme emporte les partitions les plus redoutables à l'énergie.

Un art de la direction génial caractérisé par la magie, la poésie, le feu et une brillante virtuosité, un apport révolutionnaire des standards orchestraux et opératiques avec la création de trois orchestres dont le plus fameux reste le London Philharmonic Orchestra, un sens résolu du politiquement incorrect rehaussé par un accent fortement traînant mi-narquois mi-hautain, un refus du compromis musical qui faisait s'arracher les cheveux aux producteurs les plus dégarnis, le fondateur de la musique moderne en Angleterre et un homme indissociablement lié à son époque, voilà Beecham tel qu'il apparaît au fil des cinq heures de ce documentaire de Jon Tolansky.

Les extraits musicaux sont toujours passionnants ou éclairants, et les analyses, un rien grandiloquentes, sont racontées avec un ton «old England» qui est en soi un dépaysement. Les nombreux intervenants (Nicolai Gedda, , David Cairns…) parlent tous avec un accent anglais ou international tout à fait compréhensible. Le style général du documentaire pourra paraître compassé pour les 40-50 ans, voire dépassé pour les plus jeunes, mais il a d'ores et déjà un caractère délicieusement vintage. C'est particulièrement le cas lorsque le narrateur prend le soin de parler du «disque» qui vient de s'achever, ou du contenu du prochain «disque», feignant d'ignorer que le disque n'est plus qu'un support parmi d'autres. Le temps de Beecham, et l'homme Beecham sont révolus, mais à l'instar de son contemporain et ami, son art de la direction est d'une fraîcheur et d'une magie intactes.

Sir . The classical Tradition : Haydn et Mozart. Joseph Haydn (1732-1809) : symphonies n°93 à 104. Les Saisons. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : symphonies n°29, n°31, n°34, n°35 «Haffner », n°36 «Linz», n°38 «Prague», n°39, n°40, n°41 «Jupiter» ; ouvertures des Noces de Figaro et de Don Giovanni ; concerto pour violon n°3 ; Entracte n°2 extrait de Thamos, Köning in Ägypten ; Marche in ré «Haffner» ; Divertimento n°2 et n°15. Elsie Morison, soprano ; Alexander Young, ténor ; Michael Langdon, basse ; Giocanda de Vito, violon ; Beecham Choral Society, et London Philharmonic Orchestra, direction : Sir Thomas Beecham. 1 Coffret de 10 CCD EMI. Référence et code barrez : 50999 9 09946 23. Enregistré entre 1938 et 1958. Notice de présentation en : anglais, allemand et français. Durée : 13h28.

Une grande fête fût organisée pour célébrer les quatre-vingts ans de Sir . Le chef reçut de nombreux messages de félicitations des compositeurs qu'il avait inlassablement programmés. Il demanda ainsi à l'un de ses proches «et de Mozart, vous n'avez rien reçu ?». Mozart trônait au sommet de son panthéon musical. Si Mozart est, aujourd'hui, un pilier des programmes, il n'en fut pas toujours ainsi et au début du XXe siècle, seules quelques-unes de ses partitions figuraient à l'affiche. C'est donc tout le mérite de Beecham, d'avoir, encore et toujours, défendu Mozart, dès un concert de 1906.

Bien évidemment, nos interprètes contemporains ont secoué l'enfant prodige lui rendant sa sève et ses couleurs ; mais le style Beecham est loin d'être inintéressant et s'avère même moins daté que d'autres tentatives de cette haute époque (l'enregistrement des symphonies date des années 1940). On ne peut qu'admirer, outre le tact mozartien du chef dans la gestion des phrasés, l'attention portée aux équilibres et à la clarté polyphonique. Loin d'une vision bonhomme, viennoise ou sucrée à la crème fouettée (façon Krips), le chef cerne les partitions avec une vigueur parfois étonnante. On remarque ainsi plusieurs mouvements finaux ultra-vifs et bondissants.

Quant aux symphonies de Haydn, elles n'ont jamais quitté le cercle des références dans ces œuvres. Avec les évolutions de l'interprétation, c'est presque un miracle ! L'excellent texte de présentation de ce coffret analyse avec soin le sens de ces interprétations et met en avant les qualités de ces lectures : «vitalité rythmique, clarté de texture et continuité de la ligne». Même si l'orchestre joue en gros effectif, la touche d'humour du chef et sa capacité à influer le discours, ne donnent jamais une impression de massivité ou de lourdeur. On peut par contre passer sur une lecture, en anglais, des Saisons.

Sir Thomas Beecham. The Later Tradition : Beethoven, Schubert, Mendelssohn, Liszt, Wagner, Brahms, Suppé, Strauss. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : symphonies n°2 et n°7, Messe en Ut, Les Ruines d'Athènes ; Johannes Brahms (1833-1897) : symphonie n°2, Le Chant du destin ; Ouverture pour une fête académique ; Franz Liszt (1811-1886) : Une Faust Symphonie, Orphée, Psaume XIII ; Felix Mendelssohn (1809-1847) : ouvertures du Songe d'une nuit d'été et de La belle mélusine ; Richard Wagner (1813-1883) : ouvertures des Maîtres chanteurs de Nuremberg ; Franz von Suppé (1819-1895) : ouverture Poète et paysan ; Franz Schubert (1797-1828) : symphonies n°3, n°5 et n°6 ; Richard Strauss (1864-1949) : Don Quichotte, le Bourgeois Gentilhomme, Une Vie de Héros, extraits des opéras Feuersnot, Intermezzo, Salomé. Jennifer Vyvyan, soprano ; Monica Sinclair, contralto ; Richard Lewis, Walter Midgley et Alexander Young, tenors ; Marian Nowakowski, basse ; Paul Tortelier, violoncelle. London Philharmonic et Royal Philharmonic Orchestra, direction : Sir Thomas Beecham. 1 coffret de 8 CD EMI. Référence et code barre : 50999 918611 22. Enregistré entre 1947 et 1957. Notice de présentation en : anglais, allemand et français. Durée : 9h28

Ce second coffret se penche sur les liens entre Beecham et la musique allemande ou d'Europe centrale. Il est donc intéressant d'observer les particularités interprétatives de Beecham dans des compositeurs, qui, à l'exception notable de Richard Strauss, ne sont pas, de prime abord, associés naturellement à son parcours. C'est pourtant une erreur car le vénérable chef d'orchestre est convaincant de bout en bout, et surtout il atteint des sommets interprétatifs que l'on ne soupçonnait pas ! La longue et développée Faust Symphonie de Liszt est certainement, avec celle de Bernstein à Boston (DGG), la meilleure de la discographie. Le chef prend à bras le corps cette musique dont il évacue la pompe romantisante pour faire ressortir les nerfs et la force dramatique ! Si Beethoven n'était pas son compositeur préféré et qu'il l'estimait inférieur à Mozart, même dans ses meilleures partitions, Beecham fréquenta le Grand sourd avec assiduité gravant six de ses neuf symphonies. Sa lecture de la Symphonie n°2, menée tambour battant et avec une énergie inépuisable, en étonnera plus d'un ! Si la Symphonie n°7 est cernée avec compétence et tonus, avec en prime un final virevoltant et électrique, c'est dans les «petites» œuvres de Beethoven que le chef est à son meilleur. On a ainsi rarement entendu Messe en ut ou musique de scène des Ruines d'Athènes plus juste, Beecham parvient à animer des pièces musicalement moins convaincantes que les grands chefs-d'œuvres en écourtant leurs aspects académiques. Peu porté sur Brahms, qu'il qualifiait de «vieux raseur» et de «compositeur romantique, aussi éloigné que possible du véritable esprit classique», Beecham cherche, au contraire, à dissiper l'image «pastorale» ou «allemande» de la Symphonie n°2. On assiste à une conception claire, élégante et qui met en avant les structures tout en allégeant l'orchestration. Avec les Symphonies n°3, n°5 et n°6 de Schubert, Beecham n'a jamais quitté les plus hautes sphères de la discographie. Tout l'art de Beecham est résumé par ces trois symphonies : sens du style, équilibre des pupitres (superbes vents), variété des tempi et attention portée aux couleurs. Avec Richard Strauss, Beecham est également dans son jardin ! On peut relever une lecture bigarrée et enthousiaste de Don Quichotte, avec en soliste, un très jeune homme : le violoncelliste Paul Tortelier et la Vie de Héros, cheval de bataille du chef, qu'il avait dirigée avec les plus grands orchestres du monde. Dans cette dernière, il refuse les effets de manches et la grandiloquence, pour, comme toujours, mettre en avant les indications de la partition.

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