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Festival Tautavel en Musique, une XIIe édition très sonore

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Initié par les frères Capuçon à qui revint l’honneur d’inaugurer en 2000 la salle de concert du Palais des Congrès, le Festival Tautavel en Musique nous conviait à sa 12e édition concoctée par son nouveau directeur artistique Diego Tosi. Soliste de l’Ensemble Intercontemporain, ce violoniste tout terrain n’en chérit pas moins les chefs-d’œuvre du répertoire comme en témoignait la somptueuse affiche des trois journées festivalières.

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Le programme de la première soirée balançait entre musique française et romantisme allemand. Face à face pour un duo violon violoncelle sans concession, les frères Tosi (Diego et Timothée) interprétaient la Sonate de Ravel avec ce mélange de rigueur et de fantaisie qui nourrit l'écriture du compositeur. Du strict contrepoint à deux voix dans le premier mouvement au rondo diabolique du finale, le jeu complice des deux musiciens, toujours d'une grande fermeté rythmique, fascinait par la réactivité des échanges et l'attention portée au son qui captive l'écoute.

Au piano cette fois, jouait sur les deux tableaux : français d'abord avec l'Hommage à Chabrier du même Ravel et deux des Dix Pièces Pittoresques d' (Tourbillon et Improvisation) ; avec les deux Rapsodies de Brahms d'une toute autre pâte sonore, le jeu du pianiste se gorgeait de lyrisme et trouvait sa plénitude au sein d'un discours réclamant toute à la fois puissance et énergie. La soirée culminait avec le Trio avec piano en si mineur opus 8 du jeune Brahms signant là un pur chef d'œuvre de la musique de chambre : moment de partage privilégié pour les trois interprètes, galvanisés par l'invention mélodique et la richesse d'une telle écriture, qui nous communiquaient leur enthousiasme sans jamais rompre le bel équilibre des sonorités.

En même lieu et place, le lendemain, c'étaient les Modigliani – déjà huit ans d'existence – qui venaient interpréter le quatuor de Debussy (1893) : une pièce maîtresse, désormais inscrite au répertoire de ces quatre jeunes musiciens qui nous faisaient apprécier toute à la fois la maîtrise de leur geste instrumental et le soin qu'ils portent au juste dosage des plans sonores. et les rejoignaient dans le superbe Concert en quatre mouvements d' (1891) dont la formation atypique – un quatuor à cordes et deux solistes – confère à l'œuvre toute sa singularité. y révélait un merveilleux talent de chambriste mettant au service d'une écriture très effusive son jeu ductile et sensible. Quant aux sonorités toujours habitées du violon de , elles gorgeaient d'énergie la ligne mélodique atteignant dans les registres aigus une inégalable pureté sous l'archet virtuose de l'interprète.

Le concert du dimanche midi, servi par l'acoustique généreuse de l'église du village, focalisait toute l'attention sur le violoncelliste Timothée Tosi jouant un superbe Bernardel aux résonances profondes. Entouré de quelques cordes amies, il enchantait son auditoire, abordant avec la même élégance, mais le coup d'archet approprié, les Couplets de Folies de , l'Andante Cantabile de Tchaïkovski ou encore les transcriptions des mélodies de Fauré dont son violoncelle sait si bien faire chanter la phrase musicale.

Le dernier concert, dans la grande salle du Palais des Congrès, donnait carte blanche au Quatuor Ardéo : quatre jeunes dames – mais l'altiste Caroline Donin était remplacée ce soir par François Baldassare – qui sont réunies depuis 2001 et dont un troisième CD consacré à Schumann est sous presse. Avec la même autorité d'archet et un élan très communicatif, Olivia Hughes et Carole Petitdemange alternent leur rôle de premier violon. D'emblée le jeu des Ardéo retient l'attention par l'acuité de l'attaque, la sobriété du geste et la souplesse de l'articulation. Autant de qualités pour servir au mieux le quatuor opus 49 n°1 de Reicha, cet ami de Beethoven qui viendra finir ses jours à Paris. Plus austère mais d'autant saisissant, le Quatuor n°2 de Bartók impressionnait sous la fermeté de leurs archets et l'énergie déployée dans un superbe second mouvement qui découvrait toutes les nuances de leur palette sonore. Ce programme dense et exigeant s'achevait avec l'un des quatuors les plus attachants de Beethoven, le premier de la série des Razumowski émancipant le rôle du violoncelle – chaleureuse Joëlle Martinez. On admire la fluidité de leur jeu dans le premier mouvement et la liberté qui émane d'une interprétation à fleur de sensibilité mais toujours respectueuse du texte dans le labyrinthique mouvement lent. Le thème russe avec lequel Beethoven referme ce monument contribuait aussi à clore ce festival dans une franche gaieté populaire.

Crédit photographique : © DR

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