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Lyon. Auditorium. XXX-IX-2011. Heitor Villa-Lobos (1887-1959) : Bachianas Brasileiras n°4 ; Enrique Granados (1867-1916) : Goyescas (Los Majors enamorados) ; Carlos Farinas (1934-2002) : Altagracia Tango ; Maurice Ravel (1875-1937) : Gaspard de la nuit. Jorge Luis Prats, piano.

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Le temps est venu de redécouvrir le flamboyant , le virtuose cubain au destin contrarié par le régime politique de son pays, qui l'a longtemps privé de la grande carrière internationale que son prix Long-Thibaud (1977) lui promettait. Désormais rendu à la reconnaissance du public, il se produit sur tous les continents et inaugure à Lyon la cinquantième édition des Grands Interprètes.

La quatrième Bachianas Brasileiras de Villa-Lobos fournit une excellente entrée en matière, avec un Prélude très soigné qui indique d'emblée la présence d'un maître. Dans ces pages foisonnantes, se fraie un chemin avec rigueur et finesse jusqu'à la Danse finale, sublimant ces mélodies et rythmes brésiliens bien au-delà de leur aspect « carnavalesque ».

Avec les Goyesas (données sans l'Epilogue), il achève de convaincre les incrédules : une densité de son exemplaire, de magnifiques envolées, un lyrisme subtil, tout se conjugue pour faire de ces pièces espagnoles un modèle de narration. Le talent de est immense, porté par un amour manifeste de la musique de Granados et une présence personnelle qui n'échappe à personne. C'est tout le sens du cycle proposé par l'Auditorium de Lyon qui valorise, plus peut-être que les compositeurs, leur Interprète. Or, Jorge Luis Prats retient l'attention autant par son énergie musicale que par son répertoire. Il arbore une élégance, une assurance et une rondeur de style qui le nimbent d'une douce aura. Sa proximité esthétique évidente avec les œuvres ne le prive pas non plus d'un certain détachement, le rehaussant encore dans sa majesté et lui évitant l'emphase. Il conserve une maîtrise presque inhumaine, jusque dans l'explosif Pelele qui conclut l'œuvre.

En seconde partie, le pianiste retrouve son pays d'origine avec et son Altagracia Tango, ténébreux et violent, qui repousse les stéréotypes communs sur le$ tango. Jorge Luis Prats nous en propose une version tourmentée à souhait, saccadée mais ne versant jamais dans l'hystérie, servie par une main gauche extrêmement puissante. L'effet est grandiose.

Dans Ravel, qu'il connaît bien, Jorge Luis Prats fait montre d'une expressivite merveilleusement impressionniste, notamment dans Ondine, la première des trois pièces de Gaspard de la nuit. Il matérialise littéralement la créature charmeuse peinte par Aloysius Bertrand avec une fluidité tout aquatique. La perfection de son touché, jamais altéré par la difficulté technique, ne laisse pas d'impressionner. Dans Le gibet, on est saisi par la douleur macabre exprimée par le piano qui, de funèbre, devient tout à fait effrayant dans Scarbo.

Cinq bis devant un public debout prolongent encore le plaisir : souriant, Jorge Luis Prats donne du Villa-Lobos et du Cervantes, avant de se déclarer fatigué et de prétendre ne plus pouvoir jouer qu'avec un seul doigt ! Non sans humour, il exécute ainsi la Mazurka tout en glissandi d'Ernesto Lecuona, ultime clin d'œil à un compatriote. Une grande générosité, un grand talent. Un grand pianiste.

Crédit photographique : © Jan Willem Kaldenbach

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Lyon. Auditorium. XXX-IX-2011. Heitor Villa-Lobos (1887-1959) : Bachianas Brasileiras n°4 ; Enrique Granados (1867-1916) : Goyescas (Los Majors enamorados) ; Carlos Farinas (1934-2002) : Altagracia Tango ; Maurice Ravel (1875-1937) : Gaspard de la nuit. Jorge Luis Prats, piano.

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