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Les musiques de Picasso à la Philharmonie de Paris

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Paris. Philharmonie de Paris. Du 22 septembre au 3 janvier 2021. Les musiques de Picasso. Scénographie : Jasmin Oezcebi, Commissaire de l’exposition : Cécile Godefroy

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L'exposition, attendue depuis de longs mois, ouvre enfin ses portes et propose d'explorer les influences musicales de Picasso et son intérêt pour les instruments de musique.

Chanteur aveugle - 1903 - Pablo Picasso -Collection particulière © Succession Picasso 2020-min« Malgré le Covid, Picasso vaincra » c'était le sentiment de Laurent Le Bon, directeur du Musée Picasso, institution partenaire de la Philharmonie de Paris, quand l'exposition, déjà prête et installée, n'a pu ouvrir en mars dernier. Les concerts qui avaient été programmés à l'époque, pour coupler l'exposition sur la même thématique, n'ont pu être reportés, mais toutes les œuvres, ou presque, sont bien là, malgré la difficulté de s'assurer de leur maintien de longs mois durant auprès de leurs propriétaires privés ou publics.

Car ce sont 270 œuvres qui sont présentées ici, dont, réunis pour la première fois, 22 instruments de musique ayant appartenu à Picasso (certains ayant été restaurés par le Musée de la Musique). Ces instruments faisaient partie de son univers visuel, instruments à cordes européens principalement, clairons, ou instruments exotiques (tambour ou xylophone africain). Certains sont restés auprès de lui durant toute sa vie, telle cette mandoline avec incrustations de nacre, ivoire et écaille. Picasso n'était pas musicien mais la musique l'a toujours accompagné. Sur plusieurs photographies, on le voit dans les rues de Vallauris, un jour de fête, avec trompette ou cymbales, entouré de musiciens. La musique est omniprésente dans son œuvre, et ses amitiés avec des musiciens ont été nombreuses : Falla (très beau portrait crayon-fusain), Satie, Stravinsky, Richter…

L'exposition s'ouvre de façon à la fois spectaculaire et sereine sur un jardin et des chants d'oiseaux, dans une reconstitution saisissante faite d'un agrandissement photographique (Lee Miller, 1956) montrant les palmiers de sa maison « la Californie » sur les hauteurs de Cannes. Devant, prennent place trois grandes sculptures, en plaques assemblées rose pâle ou en terre cuite blanche, représentant des joueurs de flûte et de diaule, tels qu'ils étaient alors disposés sur sa terrasse.

Musique populaire, festive, de rue, de cabaret, jouée et chantée avec fougue, telle est celle qu'affectionne Picasso. Un tambourin peint par l'artiste figurant un couple andalou (1899), un bronze expressif (chanteur aveugle, 1903), des arlequins, des scènes de cirque, dont Picasso était un grand amateur, tout comme des scènes de corrida, en témoignent. Un univers vivant et foisonnant à l'instar de ces cartes postales ayant appartenu à l'artiste, délicieusement kitch où les danseuses et gitanes ont des robes multicolore en vrai tissu.

Violon - 1915 - Pablo Picasso - Photo(c)RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) - Adrien Didierjean(c)Succession Picasso 2020-minDès l'entrée dans les espaces consacrés au cubisme, le tableau de « L'homme à la mandoline » (1911), évoquant tout un imaginaire musical, nous saisit. De son ami Georges Braque, qui était, lui, musicien et amateur de musique classique, Picasso puise son intérêt pour les instruments. Expérimentations et études approfondies sur carnets pour connaître l'instrument de l'intérieur, aboutissent à ces assemblages, collages et reconstitutions qui sont présentés ici dans une série passionnante, tel ce violon en tôle découpée de 1915 ou ce papier-collé intégrant une partition : « Violon et feuille de musique » (1912). À côté, la « Nature morte au piano » (1912) illustre sa proximité avec le compositeur .

L'exposition consacre une bonne place à ses collaborations avec le monde de la scène, notamment pour les ballets. Dans une salle nous attendent les costumes singuliers de Parade (1917), dont le fameux cheval en toile, puis c'est le rideau de scène de Mercure (1924), prêt du Centre Pompidou, réalisé par l'artiste tout comme les décors (intéressants carnets d'études) et les costumes, pensés pour accompagner la « musique décorative » de Satie. Plus loin, les costumes colorés du Tricorne (1919).

Sur le parcours, un projet pour illustrer la couverture de la partition de Ragtime de Stravinsky publiée en 1920 : « Violoniste et joueur de banjo » (1919), aquarelle joyeuse, à la ligne fluide et dansante. Suivent des poésies illustrées, la belle « Femme au tambourin » (1929), des objets personnels comme l'archet offert par Rostropovitch à Pablo et Jacqueline, dédicacé à Jacqueline : « 16-III-1972. POUR/JAKLIN/SLAVA », puis des amphores, vases ou céramiques peintes avec musiciens et danseurs, ou des oiseaux sculptés comme cette gracieuse colombe blanche ou cette chouette ovoïde en faïence.

Le majestueux tableau néoclassique « La flûte de Pan » (1904) empreint de calme et de nostalgie, nous introduit dans la dernière partie de l'exposition. Viennent alors les derniers tableaux, peints entre 1965 et 1972, sensuels et colorés. Picasso revisite alors tous ses modèles, dont le musicien… La toile « Le matador et le musicien », l'une de ses dernières (1972), dans un retour aux origines espagnoles, clôt la visite.

Une exposition riche et dense dont la scénographie, qui peut paraître un peu classique, sert de cadre sobre à des œuvres exubérantes, reflet des influences sonores de l'artiste.

Crédits photographiques : Chanteur aveugle – 1903 – Pablo Picasso – Collection particulière © Succession Picasso 2020-min ; Violon – 1915 – Pablo Picasso – Photo(c)RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) – Adrien Didier jean © Succession Picasso 2020-min

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