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Ludwig van Beethoven et l’orgue : discographie

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Après consultation du catalogue général des disques d'orgue réalisés depuis 1950 proposé par Alain Cartayrade , il apparaît que Beethoven à l'orgue est présent dans 90 productions environ, ce qui est un beau score, tout de même !

beethoven_orgueBien entendu, tous ces disques ne sont pas toujours entièrement consacrés à Beethoven, et sont souvent des anthologies dédiées à la musique d'orgue Allemande durant la période classique. Ceci dit, quelques bijoux émergent, et puis, se glissent aussi inévitablement quelques disques de transcriptions parfois tout à fait réussis. Notons l'attirance pour ce répertoire de quelques organistes Anglais ou Américains.

Les œuvres écrites pour l'Orgue ou le Flötenuhr

Beethoven, œuvres pour orgue, Wilhelm Krumbach à l'orgue Koënig (1770-71) de la Schlosskirche de Schleiden (Eifel-Allemagne) 1 CD Charlin AMS 92 Collection « Musica Sacra ». Enregistré et publié à l'origine en microsillon en 1967, et repris également en Allemagne sous le label Schwann.

Cet enregistrement fut le premier à nous faire découvrir que Beethoven avait écrit pour l'orgue. Jamais détrôné depuis, ce disque reste un « must » ! Cet album fait partie d'un grand catalogue réalisé en son stéréo par André Charlin au cours des années 60 intitulé « Musica sacra », et qui fît une large place à l'orgue, et aux musiques rares. Le disque est entièrement consacré aux deux courants principaux, avec les fugues, préludes et trios, et puis, la fameuse suite pour orgue mécanique. Le choix original de l'orgue, contemporain de la jeunesse de Beethoven est parfait, la prise de son d'André Charlin, inventeur génial de la stéréophonie est splendide.

L'enregistrement débute avec l'adagio WoO 33 sur une flûte et son tremblant, reliée pour le deuxième thème par un jeu de cromorne des plus charmeurs. Quelques notes de ce jeu sont même un peu « enrhumées », en particulier un Ré qui chatouille harmonieusement l'oreille à plusieurs reprises. La suite confirme les premières impressions : l'orgue est utilisé d'excellente manière, les timbres se succèdent avec délice, et l'interprète transcende cette œuvre au départ écrite pour une machine mécanique : grâce à une souple agogique, cette pièce s'épanouit devant nous, jusqu'à la conclusion du dernier allegro virevoltant et exprimant la jeunesse beethovénienne. Viennent ensuite les préludes, diverses fugues et trio qui nous offrent là le meilleur panorama sur le sujet, et la quasi intégrale de l'œuvre d'orgue. Un disque indispensable dans toute discothèque beethovénienne digne de ce nom, et qui a déjà connu un vaste succès.

Plus récemment, plusieurs coffrets « Intégrale Beethoven » ont vu le jour : Il était facile d'y rechercher les œuvres pour orgue. Le coffret Cascade propose un CD consacré à l'orgue (vol 86) : Il s'agit en fait en grande partie de l'enregistrement précédent de Wilhelm Krumbach, avec quelques compléments portant les numéros suivants dans le catalogue Hess : 237, 238, 239, 243, 244. Ce sont des fugues pour clavier exécutables favorablement à l'orgue. Les organistes Peter Alexander Stadtmüller et Hans Ola Ericsonn se partagent leur interprétation sur un orgue inconnu.

Le coffret Brilliant Classics propose à son tour quelques pièces d'orgue, noyées dans le volume 12 comprenant également des œuvres pour orchestre. sur un orgue inconnu joue les 5 mouvements de la suite pour orgue mécanique, la fugue en ré, et la marche des grenadiers. Un coffret Sony très intéressant par ailleurs, ne propose hélas aucune pièce d'orgue de Beethoven.

Un coffret Deutche Grammophon datant des années 80, consacre lui aussi un demi CD consacré aux œuvres pour orgue. Nous y retrouvons les mêmes pièces interprétées ici par l'organiste Anglais sur un orgue inconnu, mais de sonorités agréables. Il est dommage que les éditeurs ne donnent pas d'indications concernant l'identité des orgues, cela permettrait de mieux situer les œuvres dans leur contexte acoustique, et historique.

Beethoven et Mozart à l'orgue par Jean Pierre Leguay à l'orgue Ahrend de Frankfurt :
1 microsillon Calliope 1976
Magnifique enregistrement réunissant deux génies de la composition, avec une exécution de grande qualité : la suite de Beethoven WoO 33 utilise dans son premier mouvement un jeu de « glockenspiel », tout à fait plausible dans ce contexte et qui apporte là un relief particulier. Le reste de la discographie propose quelques pièces incluses dans diverses anthologies et font souvent appel également à des transcriptions de sonates pour piano ou de symphonies. En voici quelques exemples :

Intégrale des symphonies de Beethoven : Ernst-Erich Stender à l'orgue monumental de l'église Sainte Marie de Lübeck (Allemagne du Nord) . Disques Ornament parus en 2001.
Proposer l'intégrale à l'orgue des symphonies relève du défi : le résultat est intéressant mais ne peut en aucun cas rivaliser avec toute version orchestre de qualité. Nous sommes là dans le domaine de la curiosité.

Marches nuptiales et Marches funèbres par Guy Morançon à l'orgue Cavaillé-Coll de l'abbatiale Saint-Ouen de Rouen. 1 microsillon EMI 1972. Très beau disque réunissant de célèbres transcriptions romantiques pour orgue : Mendelsohnn, Chopin, Wagner. Beethoven y est représenté au travers de sa « marche funèbre », extraite de sa 12° sonate pour piano : Il s'agit de la même musique utilisée dans la scène de l'église du film d'Abel Gance consacré aux amours de Beethoven. L'interprétation de Guy Morançon est très belle.

Beklemnt : Récital en l'église Saint-Eustache à Paris par . I DVD Ensemble et Création réalisé en 2007. Ce récent concert, filmé en direct depuis la console de nef du grand orgue de l'église Saint-Eustache débute avec l'exécution intégrale de la transcription de la cinquième symphonie en Ut mineur. Immense moment de musique, avec un orgue à la hauteur de l'œuvre : en donne une interprétation émouvante, fragile parfois : « sortie du cœur, pour aller au cœur », comme aurait dit le compositeur lui-même.

maison_beethoven : Maria Magdalena Kaczor à l'orgue de la Langensteinbach Ludwigskirche (Allemagne). Allegro non più molto in C; Adagio in F ; Allegretto; Scjerzo in G ; Allegro in G; Rondo in C; Grenadiersmarsch in F Dur Hess 107 ; Präludium durch alle Tonarten op. 39 (1, 2); Bagatelles Es Dur, c, A, D, C; Allegretto in C; 3 Trios; Fuge e, Fuga a 3 D; Fuga a 4 a Moll; Tripla fuga d ; Fuge D. 1 CD Aeolus (2015). Une chronique à lire ici : clef ResMusica.

Edouard Batiste (1820-1876): Transcriptions de Symphonies de par Diego Innocenzi à l'orgue Merklin et Schütze de 1857 de la Cathédrale Sainte-Marie de Murcia (restauration Jean Daldosso, 2009). CD Aeolus (2011). Chronique ResMusica à lire ici.

Arrivé au terme de ces quelques réflexions consacrées aux rapports de Beethoven et de l'orgue, une question se pose : Qu'en était-il de la foi de Beethoven ? Sa fréquentation précoce de l'église et de l'orgue au service d'une musique profondément religieuse, ont-ils aidé le jeune Beethoven, puis l'homme à forger sa croyance en Dieu. Homme d'une droiture rare, d'une moralité à toute épreuve, désapprouvant Mozart d'avoir écrit Don Giovanni, se tournant lui-même vers les valeurs de son Fidelio, il façonnât un Dieu personnel, en qui il vouait une fidélité indéfectible. Beethoven agnostique ? Pas si sûr, mais éloigné de la pompe religieuse et des interprétations d'un Dieu imposé, sans doute ! Ses rapports avec l'orgue demeurent certes, en marge de son génie, mais nous éclairent réellement sur les influencesmusicales qui furent les siennes dans sa jeunesse, et sans lesquelles les grandes fugues de la fin, n'auraient sans doute jamais existées.

Crédits photographiques : Klais Orgelbau Bonn. Archives Beethoven Haus Bonn (Allemagne)

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