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Incroyable agilité et contrastes marqués par Beatrice Rana à la Cité de la Musique

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Paris. Cité de Musique. 11-X-2021. Frédéric Chopin (1810-1849) : Scherzos n° 1, n° 2, n° 3 et n° 4. Claude Debussy (1862-1918) : Études ; livre I. Igor Stravinsky (1882-1971) : Trois mouvements de Petrouchka. Beatrice Rana, piano

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À la Cité de la Musique, interprète avec une agilité particulière et des contrastes très marqués les quatre Scherzi de Chopin, le premier livre d'Études de Debussy et les Trois Mouvements de Petrouchka de Stravinsky.

Propice à la musique moderne, l'acoustique de la Cité de Musique se montre en revanche toujours plus compliquée lors des récitals de piano seul. Le son diffus, particulièrement dans le registre grave, ne profite pas au jeu impressionnant de qui se caractérise par des attaques et des contrastes sans concession, comme que par une fantastique expressivité.

Les quatre Scherzi de Chopin ouvrent le récital, d'une merveilleuse agilité dans l'afflux de notes du presto con fuoco puis de l'agitato du n°1 en si mineur, op. 20, avec des attaques puissantes et des accentuations très appuyées, pour une vision surchargée d'idées, sans pour autant se laisser aller à des effets faciles. Le n°2 en si bémol mineur, op. 31 ouvre avec des contrastes encore plus différentiés entre les clairs triolets et les massifs accords de graves subséquents, puis s'épanche dans le thème principal avec une superbe virtuosité, toujours exaltée par le jeu pressé de la pianiste.

Par rapport à son récent enregistrement pour Warner Music, se montre plus limitée dans un Scherzo n°3 en ut dièse mineur, op. 39, dont les sonorités trop touffues sont à la fois dénaturées par la salle et trop peu encadrées par le jeu. Ce trop-plein d'idée ressort également du n°4 en mi majeur, op. 54, magnifique dans les parties calmes, mais plus martelé dans une dynamique qui commence à dévoiler une fatigue naturelle après tant d'énergie déployée. L'entracte s'avère alors nécessaire pour le public comme pour Rana, d'autant qu'un problème intercurrent semble avoir transitoirement handicapé la soliste pendant la pause.

Heureusement rassérénée, la pianiste peut reprendre avec calme le Livre I des Études de Debussy et là encore, démontrer sa parfaite virtuosité, pour six pièces délivrées avec un rare lyrisme dès la première, Pour les cinq doigts. Par un jeu toujours bien démarqué mais plus affiné que pour Chopin, Beatrice Rana distille sa technique avec facilité sans jamais pousser sa démonstrativité, jusqu'au Vivamente éclairé de la dernière étude, Pour les huit doigts. Puis elle s'attèle aux Trois Mouvements de Petrouchka d', étonnamment intégré à ce programme, et pour lesquels elle semble vouloir retrouver le doigté typique de l'école russe par la recherche d'une brutalité malvenue : l'agilité du début de la Danse Russe fonctionne encore, mais les contrastes désincarnent ensuite trop souvent une œuvre qui perd de son caractère narratif tout en gardant cependant sa linéarité. Trop appuyés sur le clavier comme aux pédales, Chez Petrouchka et surtout La Semaine Grasse ne retrouvent jamais la puissance spontanée des grands interprètes slaves et conclut par des accords trop brutaux. Le bis revient à Chopin avec le Nocturne n°1 de l'opus 48. A l'image du jeu de Beatrice Rana cette soirée, il est marqué par une incroyable fluidité contrastant avec des accords souvent trop poussés de la part d'une artiste qui est pourtant indubitablement à suivre de près ces prochaines années.

Crédit Photographiques : © Warner Classics / Simon Fowler

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