La superstar de la danse cubaine, Carlos Acosta, a créé sa compagnie Acosta Danza en 2015 afin de permettre à de jeunes chorégraphes de créer sur leur île. Florilège perfectible avec cette soirée 100 % cubaine.

Le premier duo, Liberto, est une rencontre entre un esclave et une magnifique femme noire qui le prend dans ses filets. Après une danse enjôleuse, on retrouve dans ce duo l'image de la femme fatale dans un mix entre danse contemporaine, pour lui, et danse africaine, pour elle, signé Raúl Reinoso. De très beaux interprètes à la plastique parfaite, dont la sculpturale Zeleidy Crespo.

La pièce suivante, Hybrid, une création de deux jeunes cubains, est une grande déception. La musique, les costumes, les lumières et la chorégraphie semblent passés de mode, tout en nous projetant dans un univers futuriste tout droit sorti d'un film d'anticipation comme Dune ou Star Wars. La chorégraphie, très répétitive, est pauvre et avec une esthétique qui se rapproche des spectacles de variétés. Dommage, car les danseurs sont excellents et plein d'énergie, très athlétiques.

Très fraîche, la troisième et superbe pièce de Pontus Lindberg, Soudain, la nuit, met en valeur la fluidité du style des danseurs de la compagnie cubaine. Dans un décor champêtre, un groupe de jeunes gens se conte fleurette, insufflant une atmosphère juvénile. On admire la remarquable aisance des danseurs mais on est relativement indifférent aux chorégraphies qu'ils interprètent. Celles-ci ne dégagent que peu de points de vue originaux. Le principal problème de ce spectacle, pourtant produit par les Anglais du Sadler's Wells, réside dans la production musicale, trop lisse et dans les lumières, qu'il faudrait mettre au goût du jour.

Zeleidy Crespo revient pour un impressionnant solo signé de la chorégraphe espagnole Mari a Rovira, Impronta, qui met en valeur la plastique et l'exceptionnelle souplesse de la danseuse. Une robe moulante au décolleté plongeant dans le dos et des lumières en douche accentuent l'effet sculptural et l'extrême souplesse de la danseuse.

Dans un esprit danse cubaine, la dernière pièce, De Punta a Cabo, raconte la jeunesse de Cuba et son Malecón, la vaste promenade en bord de mer de La Havane. En baskets, puis sur pointes, les filles se lovent dans les bras des garçons au fil de la soirée, quand la fête bat son plein. Fête égale pour eux, rumba, mambo ou calypso, des rythmes qu'ils maîtrisent parfaitement bien. Au petit matin, quand l'aube arrive sur le Malecón, les corps las s'abandonnent au jazz. Aux saluts, les jeunes danseurs laissent éclater leur joie. Ils mériteraient que de bons chorégraphes se penchent sur leurs berceaux.

Crédits photographiques : © Kike, Panchito Gonzalez, Yuris Norido