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Magnifique programme russe pour le Filarmonica della Scala et Riccardo Chailly à Paris

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Paris. Philharmonie ; Grande Salle Pierre Boulez. 29-I-2023. Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Symphonie n° 1 « Classique », op. 25. Concerto pour violon n° 1 en ré majeur, op.19. Emmanuel Tjeknavorian, violon. Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n° 6 en si mineur « Pathétique », op.74. Filarmonica della Scala – Milan, direction musicale : Riccardo Chailly

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Dans une forme de jeune homme, apporte sa pâte moderne à la Symphonie Classique de Prokofiev puis à un Concerto pour violon n° 1 porté par l'archet passionnant d', avant de livrer une effusive Pathétique de Tchaïkovski portée par les sonorités merveilleuses du .


entre dimanche sur la scène de la Philharmonie de Paris au pas de course, sur un podium rouge dénué de barrière, pour s'atteler à un programme intégralement russe débuté par la Symphonie n° 1 de Prokofiev. Surnommé « Classique », l'œuvre jouée à une soixantaine de musiciens trouve au contraire une véritable modernité dans la lecture du chef italien, dont la fluidité du geste s'attache à mettre en valeur les cassures de l'écriture du compositeur du XXe siècle. En plus des bois superbes, dès leurs premières interventions, où le basson laisse déjà présager de la qualité de sa prestation dans la « Pathétique », se dégage également le volume des cordes dès que Chailly donne de la puissance à son orchestre scaligère.

Interrompu par les applaudissements inopportuns à la fin de l'Allegro, le chef parvient à éviter ceux-ci pour la suite en se retournant rapidement vers le public et en prononçant de rapides « bravi, bravi » envers ses musiciens, faisant semblant de se joindre à l'audience pour louer sa superbe formation milanaise. Fascinante encore au Larghetto puis à la souple Gavotta, la symphonie s'achève par un vigoureux Finale Molto vivace, toujours porté par les bois (flûtes et piccolo) et par l'énergie de cordes souples superbement déliées et extrêmement nettes dans les attaques.

La même qualité orchestrale se retrouve dans le Concerto pour violon n° 1 du même compositeur, dont l'atmosphère glacée ressort dès les premiers instants, magnifiée par la clarinette solo autant que par le Stradivarius Cremona 1608 du jeune . Du haut de ses 27 ans, le violoniste autrichien développe avec une véritable personnalité la partition complexe, dans laquelle il passionne autant par l'archet que par les pizzicati de la main gauche pour conclure l'Andantino. Également tendu mais cette fois par son caractère grotesque, le Scherzo profite du geste motorique du violoniste comme des ruptures du chef, tandis que les musiciens excellent dans les soli, à l'image du tuba. Le Moderato – Allegro moderato final maintient la même atmosphère, concentrée et toujours prête à exploser, sous les superbes sonorités du violon et de l'orchestre, qui remet à l'honneur les bois ainsi qu'une harpiste étonnamment non sollicitée par Chailly aux moments des saluts. Après de multiples allers-retours laissant présager l'absence de bis, se décide enfin à offrir un chant populaire arménien en forme de calme déploration, Komitas, du nom religieux du prêtre apostolique transcripteur de la pièce, Soghomon Soghomonian.


Souvent présent avec des ouvrages russes à Paris, où l'on se souvient de la Symphonie n° 2 de Tchaïkovski en 2018, revient cette saison pour la plus célèbre 6ème et fait son entrée pour la deuxième partie de concert devant une formation renforcée (9 contrebasses, 10 violoncelles, etc…) bien que toujours aussi peu composé de femmes : à peine une quinzaine, très majoritairement réparties parmi les violons. Aussi vif qu'avec Prokofiev, le chef retrouve cette fois ses penchants latins dans un legato plus prononcé, en même temps qu'il instille dès l'Adagio de la Pathétique une grande fougue emportée par une énergique vivacité de tempo. Claire, cette lecture ne recherche pas autant que d'autres la profondeur, ni encore moins le pathos, mais bien plutôt une élégance déployée tant par la gestuelle somptueuse de la direction, que par la sonorité de l'un des plus beaux orchestres du monde. Avec cette même grâce se déroule l'Allegro con grazia, avant que l'Allegro molto ne reviennent à plus de fièvre, particulièrement cataclysmique dans cette vision qui évoque parfois à une autre Sixième, celle de Mahler, jusqu'au derniers instants enivrants, inéluctablement déclencheurs d'applaudissements. Des deux façons de reprendre le Finale, attendre la fin des clappements et marquer une pause est de loin la meilleure…. Malheureusement, Chailly choisit de relancer immédiatement ses violons dans un Adagio lamentoso alors difficile à entraîner vers la mélancolie. Encore sous l'impact des coups francs du timbalier – magnifique dans l'intégralité de sa prestation -, il faut à présent tenter de se laisser porter par la déploration du basson, prise elle aussi sur un tempo relativement rapide, qui exalte encore les sentiments contraires du dernier Tchaïkovski.

Crédits photographiques : © Ava du Parc

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