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William Kentridge au Folkwang Museum d’Essen : Listen to the Echo

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Listen to the Echo – William Kentridge. Museum Folkwang, Essen : du 4 septembre 2025 au 18 janvier 2026. Staatliche Kunstsammlungen, Dresde : à partir du 6 septembre 2025.

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À 70 ans, , figure majeure de l'art contemporain né à Johannesburg, s'offre une double rétrospective au Museum Folkwang d'Essen et aux Staatliche Kunstsammlungen de Dresde. À peine un an après sa dernière exposition à Arles, Je n'attends plus, les deux volets du projet Listen to the Echo se répondent et partagent près de cinquante ans de création.

L'accrochage du Folkwang Museum d'Essen suit un fil plus ou moins chronologique, des premiers dessins et affiches réalisés dans les années 1970 et 1980 – souvent restés inédits dans d'autres expositions – jusqu'aux installations les plus récentes. Ces premiers travaux graphiques réalisés en Afrique du Sud, notamment des affiches de pièces de théâtre, révèlent la maîtrise du dessin et des techniques d'impression qui fonde toute la démarche ultérieure de Kentridge, qu'il s'agisse de ses films animés au fusain, de ses sculptures, de ses tapisseries monumentales ou de ses mises en scène lyriques, chorégraphiques ou théâtrales, comme on pourra le vérifier dans la reprise du 11 au 19 septembre de son spectacle Faustus in Africa ! au Théâtre de la Ville à Paris. Car chez cet artiste, la poésie se mêle sans cesse à la politique, et chaque médium devient prétexte à un dialogue, qu'il soit esthétique, historique ou culturel – une dynamique en parfaite résonance avec la vocation même du Folkwang Museum, fondé en 1902 par Osthaus.

L'exposition s'attache à relier la trajectoire de Kentridge à l'histoire locale : ainsi, les mines de charbon et d'acier de Johannesburg font écho à celles de la Ruhr, à travers des films d'animation comme Mine ou City Deep, issus de la série emblématique de dessins Drawings for Projection. De même, l'ancienne maison d'édition G. D. Baedeker d'Essen rappelle combien l'histoire coloniale européenne a façonné l'imaginaire visuel et politique que l'artiste déconstruit. Le colonialisme est évoqué de manière frontale dans Black Box/Chambre noire (2005), petit théâtre mécanique et musical très rarement montré retraçant le massacre des Herero et Nama commis en Namibie par les troupes allemandes en 1904, premier génocide du XXe siècle. Autre pièce marquante, KABOOM ! réunit images et musique autour du destin des 1,5 million de porteurs africains enrôlés pendant la Première Guerre mondiale, écho prolongé par la série de tapisseries Porters.

La musique et le théâtre, précisément, traversent tout le parcours. Dès 1990, Kentridge intègre la dimension sonore à ses films, réfléchissant depuis plus de trente-cinq ans à l'interaction entre son et image, citant volontiers John Cage pour souligner combien l'un transforme la perception de l'autre. On retrouve cet esprit dans Demands – Impossible, série de 30 dessins conçus pour sa mise en scène de l'opéra Le Nez de Chostakovitch en 2010 au Metropolitan Opera de New York, ou encore dans l'installation To Cross One More Sea, consacrée au voyage martiniquais d'Aimé Césaire et liée à l'opéra de chambre The Great Yes, The Great No créé à Luma à Arles en 2024 dans le cadre du Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence.

Enfin, le visiteur découvre un Kentridge joueur et réflexif, qui se met en scène lui-même, réemploie motifs et citations visuelles, et fait de l'autoportrait une matière à expérimenter. Ainsi, Ubu tells the Truth (1996) transpose l'univers d'Alfred Jarry en animation et en théâtre, tandis que la série Self-Portrait as a Coffee Pot (2020) a donné naissance en 2024 à un film d'animation en neuf épisodes, présenté en conclusion du parcours.

Avec Listen to the Echo, Essen et Dresde proposent un double chemin dans l'œuvre d'un artiste qui, en partant du dessin a fait des films d'animation, devenus la matière principale du théâtre musical dont il fait une expérience totale, où les ombres du passé résonnent avec les enjeux du présent.

Crédits photographiques : Portrait © Museum Folkwang, Sebastian Drüen ; , Self-Portrait as a Coffee-Pot, 2024, Still from Episode 4, Finding Ones Fate © William Kentridg / Courtesy Kentridge Studio ; William Kentridge I look in the Mirror, I Know What I Need, 2023, Ink and pencil on handmade phumani paper, 139.5 x 166.5 x cm © William Kentridge / Courtesy Kentridge Studio ; William Kentridge Demands Impossible, 2009, Tusche auf Buchseiten 167 x 164 cm Sammlung Museum Folkwang © William Kentridge, 2025 ; William Kentridge, The Great Yes (Studio Still Life), 2022, Tusche und Bleistift auf handgeschöpftem Phumani-Papier 181 x 221 x cm © William Kentridge, 2025 / Courtesy Kentridge Studio

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Listen to the Echo – William Kentridge. Museum Folkwang, Essen : du 4 septembre 2025 au 18 janvier 2026. Staatliche Kunstsammlungen, Dresde : à partir du 6 septembre 2025.

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