Cesário Costa retrace la vie du chef Pedro de Freitas Branco et sa relation avec Ravel
Figure majeure de la vie musicale portugaise au XXe siècle, le chef Pedro de Freitas Branco demeure connu des discophiles par ses gravures d'œuvres de Ravel réalisées sous la supervision attentive du compositeur. Fruit d'une thèse universitaire de Cesário Costa, ce livre relate à la fois la carrière de Freitas Branco et ses relations avec Ravel.
Pedro de Freitas Branco (1896-1963) a été une figure importante de la vie musicale portugaise au XX° siècle. Issu d'une famille aristocratique et artiste (son frère Luis a été un compositeur majeur de son époque au Portugal, ResMusica s'était entretenu avec son petit-fils), il partagea son temps entre son pays natal, où il implanta une culture lyrique et symphonique d'une inépuisable curiosité, d'une impressionnante ouverture à toutes les musiques de son temps, et la France où il fit la connaissance de Ravel en particulier. C'est comme cela qu'il put graver de nombreuses pages orchestrales du maître français, en particulier un Boléro qui respectait pour une fois strictement les indications ravéliennes, alors que le compositeur furieux avait envoyé une lettre vengeresse à Toscanini après une exécution qu'il avait jugé infidèle à sa pensée. Nous disposons de ces précieux témoignages, réédités pour la première fois en CD en 2005 (EMI).
Dommage que l'origine érudite de ce livre se traduise par un style souvent lourd mais surtout par une énumération des innombrables pièces que Freitas Branco dirigea en particulier à Lisbonne. Et plus que proposer une vision personnelle de l‘art de Freitas Branco, Cesário Costa préfère reprendre des extraits de presse, souvent d'ailleurs assez critiques vis-à-vis du maestro et de la qualité technique de son orchestre, ne se hasardant pas sur le terrain de l'esthétique. Les gravures du musicien portugais sont confrontées grâce à des exemples lisibles par QR codes avec celles de ses contemporains, non sans quelques incongruités. Choisir comme éléments de comparaison des enregistrements d'Ansermet, Cluytens, Munch, Paray ou Monteux va de soi, mais on n'en dira pas autant lorsque l'auteur se réfère à Furtwängler ou plus encore à l'inattendu Leinsdorf.
Reste un ouvrage dont on salue l'érudition et la réalisation très soignée, mais dont on regrette seulement l'absence d'une perspective personnelle de l'auteur qui aurait permis de mieux cerner la nature artistique de Pedro de Freitas Branco ; heureusement que ses enregistrements demeurent disponibles, ce sont encore les meilleurs moyens d'approcher l'art d'un musicien dont le talent dépasse son apport à la vie musicale portugaise.
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