Quand les notes se rebellent avec Charles Berling à Radio France
En tout juste 30 minutes, Charles Berling raconte une histoire autour de notes qui jouent et apparaissent autour du petit Maurice. Mais si la performance du récitant comme du trio à cordes n'est pas à remettre en cause, ni le texte de Mathieu Laine ni la composition de Karol Beffa ne parviennent à convaincre.
Il est surprenant de considérer que par leur naïveté, les enfants sont en quelque sorte des êtres peu à même de comprendre des choses pour adultes. Mozart composait à 5 ans, mais si Mathieu Laine se plaignait en 2006 dans La Grande Nurserie de l'« État-Nounou » au chevet des Français, difficile de voir en quoi son texte pour le spectacle Quand les notes se rebellent (commande de Radio France) n'est pas lui-même infantilisant… même pour les enfants.
Certes, le public concerné doit avoir entre 4 et 10 ans, et n'a sans doute pas les quelques références de ce nouveau livret par rapport au précédent de 2017, Le Roi qui n'aimait pas la musique, déjà mis en musique par Karol Beffa. Pour autant, il faudrait peut-être revenir à Ravel, dont on fête les 150 ans, et à son génial Enfant et les Sortilèges, ou à certains spectacles récents comme La Petite Sirène de Béatrice Collet et Régis Campo revu en ce début d'année à Martigues, pour se rendre compte qu'on peut élever le niveau, même avec les bambins.
Musicalement, le problème est le même, la partition n'étant surtout que collages, où l'on commence entre ce qui pourrait s'apparenter à un genre de Schubert pour glisser vers de la musique de film, avant de reconnaître Dodo l'enfant Do, Au Clair de la Lune ou un thème transylvanien utilisé par Bartók, associés entre eux pour faire tapis sous l'histoire de Maurice et son poisson rouge Mousse au Chocolat…
Pourtant, Charles Berling très vivant dans l'élocution fait tout ce qu'il peut pour dynamiser l'histoire. Le trio de musiciennes, membres du Philharmonique de Radio France, fait ce qu'il faut aussi, notamment lorsqu'il s'agit de montrer la différence entre le « petit » violon, le « grand » alto et le « plus grand et plus grave » violoncelle. Au piano, Karol Beffa interprète également sans problème cette partition facile, sauf quand on lui demande de « jouer du piano debout », où, comme le souligne notre avisée jeune voisine à sa mère « il est juste à moitié debout le monsieur ».
Finalement, le temps passe presque lentement tant l'histoire est médiocre, et les enfants commencent à beaucoup bouger au bout de vingt minutes. Pourtant, ils feront preuve de sagacité au moment des questions, certains n'hésitant pas à demander à Charles Berling « Et toi, pourquoi tu ne joues pas d'instrument ? », ou un autre à exiger des précisions sur le roi, arrivé comme un cheveu sur la soupe au milieu de l'histoire, au milieu de Réré, Sisi, Fafa et Dodo, les notes rebelles du titre, finalement bien trop peu révoltées dans la composition de Beffa…









