Décès du chorégraphe Hans van Manen
Le chorégraphe néerlandais Hans van Manen s'est éteint le 17 décembre 2025, à l'âge de 93 ans. Figure majeure de la danse du XXᵉ et du début du XXIᵉ siècle, il laisse derrière lui une œuvre très importante de plus de 150 ballets, dont plusieurs créations pour la télévision. Il a marqué de son empreinte le langage du ballet contemporain.
Né en 1932 à Nieuwer-Amstel (aujourd'hui Amstelveen), Hans van Manen se forme à la fin des années 1940 auprès de Sonia Gaskell, avant d'intégrer le Ballet Recital, puis le Netherlands Opera Ballet et les Ballets de Paris de Roland Petit. Très tôt, il s'impose comme chorégraphe : dès 1955, avec Olé, Olé, la Margarita, puis avec Feestgericht, récompensé par le Prix d'État de chorégraphie, son écriture singulière attire l'attention.
Pendant plus de soixante ans, Hans van Manen a façonné le paysage chorégraphique néerlandais, travaillant alternativement avec les deux grandes compagnies du pays, le Nederlands Dans Theater et le Dutch National Ballet, qu'il rejoint comme chorégraphe résident dès 1973, puis à nouveau à partir de 2005. Nommé « senior choreographer » en 2025, il demeurait jusqu'à ces dernières années une présence active, attentive et exigeante au sein de la compagnie. Un film de Willem Aerts, Just dance the steps, publié en DVD chez BelAir classiques, a suivi pendant cinq ans le chorégraphe chez lui ou dans les studios, peu avant son 90ème anniversaire.
Mais l'influence de Hans van Manen dépasse largement les frontières des Pays-Bas. Progressivement reconnu par les plus grandes scènes internationales, il devient l'un des plus importants ambassadeurs culturels de son pays. Ses ballets sont aujourd'hui interprétés par plus d'une centaine de compagnies à travers le monde, du Ballet de l'Opéra national de Paris au San Francisco Ballet, de l'Alvin Ailey American Dance Theater au National Ballet of Japan, en passant par la compagnie Introdans ou les ballets de Stuttgart, Bordeaux, Berlin, Vienne, Zurich ou Birmingham.
Son style, immédiatement identifiable, repose sur une clarté formelle et une grande rigueur musicale. « Less is more » : cette devise résume une esthétique de l'épure, hostile à l'ornement superflu. Pour autant, ses œuvres ne sont jamais froides ni abstraites au sens strict. Chez Van Manen, la danse parle des êtres, de leurs relations, de leurs désirs et de leurs tensions, avec une économie de moyens capable de faire naître, par un simple regard ou un geste de la main, un monde d'émotions.
En 2021, conscient de l'importance patrimoniale de son œuvre, Hans van Manen a confié son répertoire au Dutch National Ballet à travers la création de la Hans van Manen Foundation, chargée d'en assurer la transmission et l'intégrité artistique. Son engagement pour la danse s'est accompagné de nombreuses distinctions, parmi lesquelles le Prix Erasmus, le Prix Benois de la Danse pour l'ensemble de sa carrière, ou encore les titres de Commandeur de l'Ordre du Lion des Pays-Bas et de l'Ordre français des Arts et des Lettres.
Artiste aux multiples facettes, Hans van Manen fut aussi photographe, exposé et publié à l'international. Son œuvre photographique a rejoint en 2024 les collections du Rijksmuseum d'Amsterdam.















