Dialogues de la danse internationale au Théâtre des Champs-Elysées
Des pas de deux signés de six chorégraphes internationaux pour 12 danseurs exceptionnels dans Dialogues, un programme qui reflète la diversité de la danse internationale aujourd'hui.

Ces soirées au Théâtre de Champs-Elysées clôturent une tournée européenne passée par Stockholm, Saint-Pétersbourg, Moscou et Oslo. Le programme débute sur la délicate musique de Schubert avec Impromptus, un pas de deux non moins subtil signé Sasha Waltz. Grande économie de moyens pour ce duo ramassé, aux portés audacieux où Claudia Serpa Soares, danseuse de la Shasha Waltz & Guests adopte une position presque fœtale. Genoux pliés bras tendus devant elle, elle est portée par derrière par son partenaire Gyung Moo Kim, également interprète de la compagnie berlinoise.
Étoile montante de la danse canadienne, Emma Portner propose Islands, un duo magnifique autour de la figure gémellaire, extrait du ballet créé pour le Ballet national de Norvège. Deux sœurs siamoises retenues par la hanche dans un pantalon unique exploitent toutes les contraintes et potentialités chorégraphiques de cette situation. Withney Jensen et Samantha Lynch, les deux interprètes, atteignent un très haut niveau.
Roméo et Juliette, le couple mythique de Shakespeare est une source d'inspiration inépuisable pour les chorégraphes. Comme à son habitude, Mats Ek renouvelle le genre et dépoussière les classiques avec un pas de deux du balcon intense et pudique rebaptisé Juliet & Romeo, créé en 2013 pour le Ballet royal de Suède. Il fait de ce moment de découverte amoureuse et sensuel des personnages, un duo tendre et ultra créatif, avec son habituelle gestuelle et tout ce qui caractérise son style si singulier (pieds flex, bras parallèles). Johnny McMillan, danseur du Staatsballet Berlin et Mariko Kida, interprète indépendante, sont bouleversants.
L'originalité du travail ultra contemporain sur le corps proposé par la canadienne Crystal Pite dans Animation repose sur l'extrême virtuosité et souplesse des interprètes de sa compagnie Kidd Pivot. Pour cette première française, Rénée Sigouin et Gregory Lau explorent toutes les facettes des manipulations du marionnettiste et de sa marionnette, pour un face à face tout à fait fascinant. La deuxième partie du duo, plus sensuelle, repose sur une technique inspirée de la danse contact. L'ensemble est sublime et très émouvant.
Autre génération avec Jirí Kylián, qui offre 14'20'', un extrait de 27'52'', l'une de ses créations sur le thème du temps. Déroutante et inquiétante, la nouvelle composition musicale de Dirk Haubrich est basée sur deux thèmes de Gustav Mahler, mixant un texte en allemand et un texte en français. Les deux danseurs, Whitney Jensen et Lucas Lima, font preuve d'une grande liquidité dans leurs mouvements et de beaucoup de suspension, jusqu'à disparaître sans laisser de traces.
Ils sont suivis par Maayan Shienfield et Rani Lebzelter, deux anciennes danseuses de La Batsheva, qui reprennent du service pour le B/Oléro d'Ohad Naharin. Sur un arrangement de musique électronique du Boléro de Ravel par Isao Tomita, ces deux danseuses en courte robe noire en livrent en parallèle une version combattante et balancée. Un point final tonique à cette soirée qui aura alterné genres et générations.









