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Au TCE, Franz Welser-Möst et les Viennois dans la Symphonie Pathétique

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 10-IX-2025. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Symphonie n° 38 « Prague ». Piotr Illitch Tchaikovski (1840-1893) : Symphonie n° 6 « Pathétique ». Orchestre philharmonique de Vienne, direction : Franz Welser-Möst

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Heureux mélomanes parisiens qui ont pu en moins d'une semaine entendre les deux plus grandes philharmonies européennes, celle de Berlin sous la baguette de son chef Kirill Petrenko et celle de Vienne sous celle de . Au programme spectaculaire (Mahler) et à la virtuosité démonstrative des premiers, les seconds ont opposé un lyrisme élégant et émouvant dans un Mozart euphorisant et une Pathétique de haut vol.

Entendre à moins d'une semaine d'intervalle les deux grandes philharmonies de Berlin et Vienne permet d'édifiantes comparaisons qui font mentir ceux qui répètent que les sons des meilleurs orchestres internationaux sont désormais standardisés. À la rutilance et la virtuosité affichée non sans arrogance par les Berlinois, il est vrai sous la direction de leur chef Kirill Petrenko qui prise particulièrement ces qualités, s'oppose la sonorité plus chaleureuse et sensuelle des Viennois. Dans son remarquable ouvrage sur l'histoire de l'orchestre (Le philharmonique de Vienne, biographie d'un orchestre, Clef d'or ResMusica), Christian Merlin insiste sur l'importance toujours d'actualité de la conférence du violoniste Stefan Wahl qui, en 1904, lors d'une assemblée générale des membres de l'orchestre, insista après un concert de l'orchestre de Meiningen en disant « ils sont venus, ont impressionné plus qu'ils n'ont vaincu, essentiellement par la précision et l'exactitude de leur jeu collectif ». Plus d'un siècle plus tard, la remarque pourrait s'appliquer mutatis mutandis aux Viennois et à leurs rivaux berlinois.

Sous la baguette à la battue très classique de , la symphonie Prague sonne sans rien qui montre que la révolution baroque est survenue entre temps. Rien à voir avec les accents anguleux d'un Harnoncourt, au contraire des timbales frappées avec rondeur et sans sécheresse, un lyrisme élégant et un rebond permanent qui, en particulier dans le final, évoque avec une justesse enjouée les ensembles des Noces de Figaro. On salue au passage la virtuosité fruitée des bois, bondissants et expressifs.

Mais la meilleure surprise du concert vient de la Symphonie Pathétique. Car cette fois le style épuré et élégant de fait merveille dans une page trop facilement sentimentale. La splendeur des graves, la noblesse des trombones évoquant les chants de la liturgie orthodoxe, la chaleur des cordes donnent au premier mouvement un sens tragique particulièrement juste ; et quel solo de clarinette reprenant le principal thème lyrique à la fin du mouvement ! Bien qu'à cinq temps et plus proche des grands ballets que de la valse viennoise, le deuxième mouvement garde cette grâce innée qui n'appartient qu'aux Viennois. La marche qui suit donne aux cuivres l'occasion de montrer leur puissance dans une apothéose pré-mahlérienne ; l'enchaînement de cette fin violente et de l'Adagio final coupe court aux applaudissements qui traditionnellement montent du public. Grave, fervent mais parfois rapide jusqu'à paraître presque allegro, l'Adagio final s'achève sans désespérance mais avec recueillement. Aucun bis après cette conclusion poignante. On ne peut enfin s'empêcher de remarquer que de nombreuses places sont restées vides à l'orchestre. Proposer un concert aussi court (soixante-dix minutes de musique) à 185 euros la place, est-ce bien raisonnable ?

Crédit photographique : Franz Welser-Möst © Julia Wesely

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 10-IX-2025. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Symphonie n° 38 « Prague ». Piotr Illitch Tchaikovski (1840-1893) : Symphonie n° 6 « Pathétique ». Orchestre philharmonique de Vienne, direction : Franz Welser-Möst

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