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En vidéo depuis Vienne, une lecture renouvelée de Lohengrin dirigée par Christian Thielemann

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Richard Wagner (1813-1883) : Lohengrin, opéra en trois actes sur un livret du compositeur. Mise en scène : Jossi Wieler, Sergio Marabito. Décors et costumes : Anna Viebrock. Lumières : Sebastian Alphons. Avec Georg Zeppenfeld, basse (Le roi Henri) ; David Butt Philip, ténor (Lohengrin) ; Malin Byström, soprano (Elsa de Brabant) ; Martin Gantner, baryton (Friedrich de Telramund) ; Anja Kampe, soprano (Ortrud) ; Attila Mokus, baryton (Le Hérault). Chœur et orchestre du Wiener Staatsoper, direction : Christian Thielemann. Réalisation : Tiziano Mancini. Enregistré sur le vif au Wiener Staatsoper en 2024. Sous-titrage en allemand, anglais, français, espagnol, coréen et japonais. 1 Blu-Ray Unitel. Notice de présentation en anglais, allemand et français. Durée : 208’

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Superbe production d'un des plus beaux opéras de avec une mise en scène quelque peu confuse mais stimulante, et surtout un plateau de luxe sous la direction inspirée de .

Initialement conçue en 2022 pour le festival de Pâque de Salzbourg, la mise en scène de Lohengrin par et Sergio Marabito figure actuellement au répertoire de l'Opéra de Vienne. L'enregistrement live présent sur ce Blu-ray a été capté au cours de l'année 2024 (date non précisée).

Peut-être pourra-t-on avoir du mal à adhérer au concept général de la mise en scène, présenté dans la note d'intention accompagnant le disque comme un « polar moderne », lequel laisserait planer une forme de suspense sur l'identité du véritable assassin de Gottfried, le frère d'Elsa. Comme on voit dès l'ouverture Elsa s'emparer du bonnet de ce qui semble être le cadavre de Gottfried, sous les yeux d'une Ortrud ébahie, le suspense n'est que de courte durée. Le dénouement de l'opéra, où l'on voit Gottfried ressuscité trucider Elsa de son épée, ne fait donc que confirmer l'hypothèse du meurtre du jeune homme par sa sœur, donnant ainsi raison aux accusations portées tout au long de l'opéra par Ortrud et Telramund. Cette interprétation est-elle conforme aux intentions de Wagner ? Certainement pas. Est-elle vraisemblable ? Qui le sait, la musique de l'opéra ne semblant pas faire d'Elsa la coupable désignée. Finalement, peu importe, une telle lecture ne gâche ni le plaisir de l'écoute, ni paradoxalement celui de la beauté du spectacle. Située dans un décor unique, qui semble évoquer à la fois une friche industrielle, un chantier de travaux en cours et un fort de l'armée allemande, l'action semble au vu des costumes militaires se dérouler pendant la guerre de 1914-1918. Contexte presque cohérent, avec l'apparition d'un Lohengrin un rien hippie semblant débarquer de quelque croisade médiévale, arborant au-dessus de sa cotte de maille une croix de Jérusalem. La fin du deuxième acte, au moment où l'on croit encore à la possibilité d'un heureux dénouement, pourrait en tout cas évoquer l'utopie d'un monde totalitaire où chacun, quel que soit son rang ou sa fonction, aurait sa place. Ce monde-là, ce sont Ortrud et Telramund qui le contestent, vus donc dans ce contexte comme les véritables combattants d'une histoire entièrement renouvelée, qui n'est pas sans sa cohérence interne. Sans vouloir donner trop de crédit à une lecture pour le moins originale, on se délecte en tout cas d'une série de superbes images qui valorisent tout particulièrement les chanteurs du chœur, superbement mis en place dans des camaïeux de gris, de bleu et de beige, au sein d'un décor à la beauté irréelle que rehaussent encore les magnifiques lumières de Sebastian Alphons.

Le plateau, pour cette reprise viennoise, est d'une grande homogénéité. Saluons pour commencer la belle prestation vocale du ténor britannique , qui sculpte avec clarté et netteté, d'une voix lyrique, la ligne du personnage central de Lohengrin, vu ici comme un OVNI venant d'un autre monde. Sur le plan strictement vocal, l'Elsa de n'a pas la luminosité de timbre qu'on attend généralement d'un personnage vu comme l'incarnation de l'innocence bafouée, ce qui colle donc avec les intentions de la mise en scène qui en font la méchante fille de l'histoire. Elle n'en déploie pas moins un instrument riche et puissant dont elle use avec finesse et musicalité, et son jeu scénique est particulièrement investi et contrôlé. Plus soprano dramatique que mezzo, est une formidable Ortrud, personnage qu'elle redessine avec flair et conviction tout en faisant preuve d'une extraordinaire santé vocale. À ses côtés, le baryton est tout à fait convaincant en Telramund, dont il possède toute la verve et tout le mordant. est un opulent Roi Henri, et l'on apprécie aussi les belles couleurs vocales du Héraut d'. Sur le plan strictement musical, ce sont le chœur et l'orchestre de l'Opéra d'Etat de Vienne qui donnent à l'auditeur les plus grandes satisfactions. Royal de bout en bout, le chœur livre une mémorable prestation, faisant des scènes d'ensemble les plus beaux moments de l'opéra. livre lui aussi une lecture d'anthologie d'une partition d'une grande richesse, dont il souligne aussi bien la rutilance de l'orchestre que la finesse d'écriture des timbres. Tant de beautés font passer la réécriture dramatique au second plan, même si l'on apprécie à quel point les grands ouvrages du répertoire résistent aux tentatives de réinterprétation dont ils font l'objet.

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Richard Wagner (1813-1883) : Lohengrin, opéra en trois actes sur un livret du compositeur. Mise en scène : Jossi Wieler, Sergio Marabito. Décors et costumes : Anna Viebrock. Lumières : Sebastian Alphons. Avec Georg Zeppenfeld, basse (Le roi Henri) ; David Butt Philip, ténor (Lohengrin) ; Malin Byström, soprano (Elsa de Brabant) ; Martin Gantner, baryton (Friedrich de Telramund) ; Anja Kampe, soprano (Ortrud) ; Attila Mokus, baryton (Le Hérault). Chœur et orchestre du Wiener Staatsoper, direction : Christian Thielemann. Réalisation : Tiziano Mancini. Enregistré sur le vif au Wiener Staatsoper en 2024. Sous-titrage en allemand, anglais, français, espagnol, coréen et japonais. 1 Blu-Ray Unitel. Notice de présentation en anglais, allemand et français. Durée : 208’

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